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Ariella Kaeslin s'installe parmi les «grandes»

Ariella Kaeslin a écrit à Londres une nouvelle page d'histoire de la gymnastique suisse. La Lucernoise de 22 ans est devenue la première Suissesse à monter sur un podium mondial en terminant deuxième samedi au saut, six mois après avoir conquis l'or aux Européens de Milan.

19 oct. 2009, 10:29

«Je visais une médaille, mais je n'aurais pas pensé pouvoir accrocher l'argent», s'est réjouie Kaeslin. «C'est un sentiment indescriptible, un rêve qui s'est réalisé.»

Remarquable huitième du concours général la veille, Ariella Kaeslin a obtenu 14,525 points de moyenne pour ses deux sauts, un Chusovitina (15,075 points) puis un Yurchenko au coefficient de difficulté bien moins important (13,975). Elle livrait deux sauts de très bonne facture, malgré un petit écart à la réception de son Chusovitina.

Elle a cependant connu une frayeur: dans un premier temps, le jury a estimé qu'elle n'était pas parfaitement en extension lors de l'exécution de son saut, avant de se raviser après l'intervention du superviseur, ce qui fit remonter la note de quelques dixièmes. Sans quoi Kaeslin serait repartie bredouille.

Seule l'Américaine Kayla Williams (16 ans) a fait mieux avec 15,087, tandis que la championne olympique, la Nord-Coréenne Hong Un Jong, sombrait au cinquième rang après avoir chuté deux fois. Le bronze revient à la Française Youna Dufournet (14,450).

L'effort dans cette discipline dure huit secondes: quatre secondes pour chaque saut, du premier pas d'élan à la réception. «Ariella a l'instinct du tueur, à l'image des grands attaquants en football comme Lionel Messi. Cette capacité à jaillir et à tout donner dans un court laps de temps», a résumé son entraîneur, le Bulgare Zoltan Jordanov.

Il a ainsi fallu attendre 41 éditions des Mondiaux pour voir la gymnastique suisse féminine briller à un tel niveau. Les Suissesses étaient toujours restées dans l'ombre des garçons, par exemple de Dieter Rehm, dernier médaillé suisse aux Mondiaux avant Kaeslin avec sa médaille de bronze au saut à Tianjin en 1999, ou Donghua Li, champion du monde du cheval d'arçons en 1995.

Elue sportive suisse de l'année 2008 après sa cinquième place des JO de Pékin, Kaeslin verra encore sa notoriété et sa «valeur marchande» monter en flèche. La championne de Meggen a signé à Londres, avant même sa finale, un contrat de trois ans avec une grande marque horlogère de Vallon de Saint-Imier, dont le patron s'était déplacé tout exprès.

«Voir mon portrait sur les magazines en papier glacé et les plus grands journaux anglais est quelque chose de nouveau pour moi. Et avoir été choisie parmi toutes les meilleures mondiales m'honore particulièrement», relève la Lucernoise.

Selon son manager Giusep Fry, qui s'exprimait avant la finale dans le «Blick», les retombées d'une médaille en termes de primes sponsoring atteignent selon les cas des sommes de quatre à cinq chiffres (milliers ou dizaines de milliers de francs). Il faut bien ça, car les primes de résultat officielles versées à Londres sont maigres: 3000 francs pour l'or, 2000 pour l'argent et 1000 pour le bronze lors des finales par appareil. Avec son grand gabarit pour une gymnaste (1m65 pour 55 kg), Kaeslin prouve encore que la réussite n'est pas réservée aux «poupées» prépubères ultra-légères.

Tout lui sourit cette année: après cinq mois sans compétition dans la foulée de son titre européen en avril, Kaeslin a obtenu deux succès (sol et poutre) au Grand Prix de Hongrie à Szombathely début octobre, tout en préparant sa maturité au gymnase de Bienne, où elle réside, à un jet de pierre de Macolin.

A Londres, elle avait renoncé à son intention initiale d'ajouter une demi-rotation à son Yurchenko, se contentant d'une rotation et demie. «C'est bien de garder une marge de progression», a précisé Kaeslin, en songeant aux JO de Londres en 2012. /si

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