L'appel à la désobéissance économique lancé la semaine dernière par la Commission de la concurrence et la Fédération romande des consommateurs laisse sans doute plus d'un Helvète perplexe: on l'incite à faire ses courses à l'étranger pour faire baisser les prix en Suisse. Une invitation bien peu patriote à quelques jours de la Fête nationale!
Et pourtant. Le consommateur attend depuis des mois que la dégringolade de l'euro soit répercutée à la caisse de son supermarché préféré. Les derniers gestes consentis par Coop et Migros datent de l'an dernier et, depuis, la monnaie européenne a perdu 18% de sa valeur. Sachant cela, l'huile d'olive ou le filet de cabillaud ont un goût soudain amer. Et ce n'est pas en payant sa feta au prix fort qu'on soutiendra l'économie grecque! Pas étonnant donc que le consommateur soit tenté de franchir la frontière pour bénéficier de la différence de prix. D'autant plus facile lorsqu'on habite un canton frontalier comme Neuchâtel ou le Jura...
Mais avant de se précipiter au Super-U ou chez Leclerc, il faudrait quand même se demander si, pour faire la leçon à «nos» grands distributeurs, il ne vaudrait pas mieux pousser la porte de l'épicier du quartier (pour autant qu'il en reste encore...) Ses produits ne seront pas forcément moins chers, mais le consommateur aura au moins le sentiment de contribuer à faire vivre le petit commerce local. A défaut de mettre du beurre dans les épinards, ça lui mettra un peu de baume au c½ur.
Pour le reste, la FRC et la Comco ont parfaitement raison: les ménages suisses doivent oser refuser des prix importés lorsqu'ils sont manifestement trop élevés. Et faire jouer la concurrence est le meilleur moyen de pression. On parie d'ailleurs que les deux géants de la distribution réagiront très bientôt par des baisses de prix qu'ils annonceront à grand fracas, l'un après l'autre, dans leurs journaux respectifs: ils ne peuvent tout simplement pas rester les bras croisés. C'est une question d'image, face à des concurrents comme Aldi ou Lidl, dont le réseau s'étend désormais jusqu'à l'Arc jurassien, et dont la cote de popularité pourrait très vite grimper.
