Samedi donc, à la faveur d'une météo clémente, de nombreux amateurs ont joyeusement déambulé dans les rues du village où flottait une agréable odeur, sirotant au détour d'un stand une absinthe de derrière les fagots composée d'une douzaine de plantes soigneusement sélectionnées. Elles n'ont nulle part leur égal, car chaque distillateur a sa recette et ses secrets de fabrication. Etonnantes ces différences! Douces ou amères, parfumées ou aromatiques, légèrement teintées ou carrément blanches, elles ont frappé les esprits par leurs diversités.
Elle est donc révolue l'époque de la célèbre affiche sortie le 7 octobre 1910 et son fameux «Messieurs, c'est l'heure», avec la date fatidique de la prohibition en ligne de mire. «Il est vrai que nous y tenions à notre clandestinité. Cependant, la légalisation a eu comme effet positif la possibilité de fabriquer le vrai produit du Val-de-Travers, avec des plantes issues de nos terres; un sacré pari face à une concurrence toujours plus agressive venue d'autres régions», note Yves Currit, cultivateur. C'est pourquoi la réponse à une demande de reconnaissance sous la forme d'une IGP (Indication géographique protégée) est attendue avec une certaine impatience.
La Fête de l'absinthe à Boveresse, c'est également ses stands de brocante et d'artisanat, ses échoppes qui proposent des produits dérivés (caramels, chocolats, pâtisseries, bonbons) et ses chouettes animations: chants des élèves, concert apéritif de la fanfare des Verrières, prestation de sonneurs de toupins et cors des Alpes, tire-pipe, château gonflable, bal folklorique avec Antoine Fluck et disco des années 1980. Pour Joëlle Rosselet, coprésidente du comité d'organisation, le succès a été total: «C'est une magnifique récompense pour tous les habitants du village qui se sont mouillés pour l'événement de l'année.» Le bénéfice est d'ailleurs reversé à l'école, à la société de gymnastique et la course des aînés. /PAF