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Journaliste de «20 minutes» devant la justice: le Ministère public neuchâtelois va faire appel

Le Ministère public neuchâtelois compte faire appel du jugement rendu en faveur d’un journaliste de «20 minutes», mi-décembre. Le procureur général Pierre Aubert privilégie l'intérêt privé d'un enfant sur l'intérêt de rendre public le détail d'un fait divers.

06 janv. 2020, 15:27
Journaliste à "20 minutes",  Frédéric Nejad a été acquitté par le Tribunal du Littoral  et du Val-de-Travers en décembre.

Tout n’est pas terminé dans l’affaire qui oppose Frédéric Nejad, journaliste de «20 minutes», à la justice neuchâteloise. Le Ministère public a annoncé qu’il comptait faire appel du jugement du Tribunal de police du Littoral et du Val-de-Travers qui acquitté le Vaudois mi-décembre.

Ce dernier était accusé d’avoir refusé de se soumettre à une décision de l’autorité dans l’affaire du drame des Verrières, en diffusant un élément relatif à ce double homicide censé ne pas sortir des murs du tribunal.

«Contrairement à ce qui a été jugé, […] il existe une base légale suffisante pour privilégier, dans des circonstances exceptionnelles, la protection de la personnalité de ceux qui sont concernés par une affaire judiciaire», estime le Ministère public dans un communiqué diffusé ce lundi. «Ce n’était pas trop demander aux représentants de la presse que de faire preuve du minimum de discrétion.»

L’intérêt de l’enfant

Patron du Ministère public, le procureur général Pierre Aubert estime devoir procéder à une pesée entre l’intérêt du chroniqueur qui souhaite rendre compte publiquement et en détail d’un fait divers et celui de la victime des faits rapportés. «Il est à mes yeux incompréhensible de ne pas tenir compte en priorité de l’intérêt de la victime, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’un enfant », explique-t-il. «N’importe quelle personne un peu sensible aurait dû prendre compte cet intérêt privé.»

Pour Pierre Aubert, le journaliste de «20 minutes» a commis une faute de goût. «Il n’a pas fait preuve de tact.» Selon lui, la justice a le droit et le devoir de protéger les enfants. Il reconnaît que, techniquement, on peut parler d’une atteinte à la liberté de la presse, tout en ajoutant qu’à l’instar de n’importe quelle autre liberté, elle connaît certaines limites qui résultent d’une pesée entre des intérêts divergents. «En l’occurrence, celui des proches à garder un détail précis confidentiel l’emportait de manière évidente», remarque le procureur général.

Pierre Aubert ajoute qu’habituellement, il n’est pas très restrictif en matière de communication avec les médias et qu’il a une vision plutôt large de la liberté de la presse. «Mais dans certains cas, nous devons être attentifs à l’intérêt privé, en particulier si cela concerne un enfant.»

Un «choix anti-démocratique»

De son côté, impressum, l’association professionnelle des journalistes suisses, dénonce cette volonté qu’elle décrit comme un «choix anti-démocratique». Le syndicat estime que «l’attitude du procureur constitue une atteinte inadmissible à la liberté de la presse». Il ajoute que la juge du Tribunal de police de Neuchâtel, dans sa décision du 17 décembre, avait précisé que le journaliste n’avait «manqué à aucune de ses obligations, telles qu’elles découlent notamment de la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes».

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