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Un ensemble qui n'est pas fait pour flatter l'ego des chanteurs

Daniel Gloger n'est pas un inconnu dans le canton de Neuchâtel. Ce soir, le contre-ténor investira la Grange aux concerts en tant que membre de l'ensemble des Neue Vocalsolisten Stuttgart.

28 août 2010, 09:29

Le public neuchâtelois a pu prendre la mesure du talent de Daniel Gloger à maintes reprises déjà. Hôte, entre autres, des Amplitudes 07 à La Chaux-de-Fonds, le contre-ténor allemand a, plus récemment, suscité l'enthousiasme dans une épatante version marionnettique de «La flûte enchantée» présentée à Neuchâtel au théâtre du Passage. Ce soir, c'est avec les six autres Neue Vocalsolisten de Stuttgart qu'il découvrira la Grange aux concerts, à Cernier. Entretien.

Vous interpréterez les «12 Madrigali» de Salvatore Sciarrino, que les Neue Vocalsolisten ont créés en 2009. Avez-vous eu des contacts avec le compositeur?

Oui. Il nous connaît tous très bien; j'avais moi-même interprété l'une de ses pièces à La Chaux-de-Fonds (réd: «Studi per l'intonazione del mare»). Nous avons instauré un dialogue très étroit avec lui. Il a non seulement une grande expérience mais il aime aussi la voix. C'est pour lui l'instrument principal avec la flûte. Il connaît tous les opéras de bel canto, c'est un ami de Miralla Freni. Quand il travaille avec la voix, Sciarrino sait très exactement ce qu'il veut obtenir des interprètes. Mais nous répétons seuls aussi; quand nous mettons en place la structure d'une pièce, le maestro n'est pas là. Ce serait fatigant pour lui, et pour nous une source de stress!

Ces madrigaux construits en miroir posent-ils un problème particulier à des interprètes tels que vous?

La plus grande difficulté dans la musique de Sciarrino tient dans la grande finesse des mélodies. On est confronté à de petits ornements très difficiles à exécuter. A chaque fois que l'on reprend ses pièces, il faut remettre l'ouvrage sur le métier, retravailler énormément. Les structures percussives ou instrumentales sont plus faciles. Sciarrino pose des difficultés typiquement vocales, comme certaines études de la musique baroque. Mais ses ornementations à lui n'ont pas la même logique. L'autre difficulté est liée à l'intonation, au fait que nous sommes sept; les «12 Madrigali» sont harmoniquement assez purs, assez clairs, et les erreurs sont tout de suite perceptibles (rire).

Comment définir, de façon plus globale, la vocation des Neue Vocalsolisten?

Nous travaillons sans chef et sans instrument, a cappella. Notre démarche est particulière: normalement, un chanteur doit se plier aux directives d'un metteur en scène ou d'un chef d'orchestre. Notre objectif est de développer la musique vocale contemporaine pour ensembles, car il y a un grand intérêt de la part des compositeurs. Travailler ainsi, c'est se mettre au service de la perfection de l'ensemble, il faut donc réduire son ego - les chanteurs sont très narcissiques! (rire). Quand on répète, on discute sans se mettre de limites; chaque idée peut être exprimée. Beaucoup d'ensembles travaillent sur la musique ancienne et font quelques incursions dans la musique contemporaine, souvent dans des œuvres connues. Nous, nous sommes vraiment des spécialistes et assez indépendants économiquement; donc nous ne sommes pas obligés de répondre aux goûts du plus grand nombre. On peut prendre le risque d'aller à la catastrophe!

Vous allez vous produire aux Jardins musicaux, dans un cadre atypique. Une légère appréhension?

J'ai fait la connaissance du public du canton de Neuchâtel et j'ai trouvé des gens extrêmement ouverts et extrêmement gentils. J'espère que le public des Jardins est typique des gens du canton (rires). Ces madrigaux de Sciarrino exigent de la concentration et sont d'une grande force; ils ont un impact et ils fonctionnent sur chaque public j'espère. Je crois que cette musique contemporaine sera parfaite pour les Jardins! /DBO

Cernier, Grange aux concerts, ce soir à 21h

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