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Pédagogie de la modernité, avec Marc Pantillon

28 août 2009, 09:10

Mercredi, dans la Grange aux concerts à Cernier, Marc Pantillon nous conviait à un récital de piano consacré à deux compositeurs dont les approches compositionnelles semblent, à première vue, très contrastées: Luigi Nono et Galina Ivanovna Ustvolskaya. Le concert s'ouvre et s'achève sur trois œuvres de cette artiste russe, élève de Dmitri Chostakovitch. S'étendant de 1947 à 1988, les sonates n°1, 4, 6 sonnent comme le résumé elliptique d'une œuvre riche et encore méconnue. Les partitions, souvent à deux voix, privilégient une écriture simple, un minimalisme qui exige une extrême concentration de la part du soliste. Si l'usage systématique des notes martelées et des dissonances agressives renvoie à une esthétique moderne, la structure, pour sa part, s'inscrit dans l'héritage de la musique baroque: les développements recourent souvent au canon, à l'imitation ou encore à la forme chorale. La dernière sonate nous évoque les «Etudes pour agresseurs» d'Alain Louvier, dans l'usage biomécanique et percussif de la technique pianistique.

Marc Pantillon, en précédant chaque interprétation d'explications pédagogiques, livre ainsi les principales clés d'écoute à son public. Il en ressort que «Sofferte onde serene» pour piano et bande magnétique de Luigi Nono introduit une subtile confusion entre l'acoustique et l'électronique. Grâce à l'intervention de Jean Faravel, ingénieur du son, nous assistons à un dialogue poétique au cours duquel s'entremêlent sons, bruits et effets de cloche. Dans cette brume sonore, une dimension spectrale vient comme hanter notre écoute, renforcée par le crépitement de la pluie sur le toit de la grange.

«Métamorphoses»

Valentin Reymond aime bousculer son public. Dans une grange comble, les «Métamorphoses» de Richard Strauss, interprétées mercredi par l'Orchestre des Jardins musicaux, font partie de ces chefs-d'œuvre qui bouleversent et dérangent. Les 23 cordes solistes tissent un contrepoint complexe sur une tonalité mouvante. Si le début est crépusculaire, les violons apportent peu à peu une touche lumineuse. Dans une lente progression de l'intensité dramatique, une accélération du tempo, quelques lignes de force se dégagent, vite emportées par la complexité de l'ensemble; puis tout redevient plus calme, dans une sérénité contemplative. Hiératiques, violoncelles et contrebasses font résonner le thème du mouvement lent de la «Symphonie héroïque» de Beethoven. Valentin Reymond s'empare de cette partition à bras-le-corps. Il sait laisser la pièce se développer en une architecture aux larges proportions.

La «Sérénade pour cordes» de Tchaïkovski est bien plus aisée d'écoute. L'orchestre paraît soudain âcre, les attaques sont moins précises que dans l'œuvre de Strauss. Quelques imperfections rythmiques apparaissent ici ou là, troublant l'élégance un peu nostalgique de la valse. On retrouve dans l'élégie le Valentin Reymond coloriste que l'on apprécie tellement. /fdu-sag

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