Faire du théâtre dans le théâtre revient évidemment à le regarder avec distance, sinon avec distanciation. Distance créée par le temps, tout d'abord, avec une paire d'archéologues du futur débarquant dans «un théâtre en parfait état de marche», pétrifié avec ses spectateurs «le 28 septembre 2006 à 20h40». Classique, le procédé fait rire en même temps qu'il laisse subtilement entendre qu'un lieu où l'on joue des histoires n'est pas tout à faire ordinaire.
Mais le jeu théâtral lui-même produit parfois de drôles d'exigences avec de drôles d'effets. Si la scène se passe au bord de la mer, le bord de mer doit surgir, même loin de toute étendue d'eau salée. Jean-Paul Alègre laisse ainsi entendre que la mise en scène peut faire apparaître la réalité.
Mais quelle réalité? Celle du texte? Dans une des séquences les plus intelligibles, un metteur en scène soucieux de l'équilibre économique de son théâtre coupe les répliques et tout mot ou expression «inutile», de manière à faire mourir le plus vite possible un personnage destiné au trépas. Et surtout de manière à dégager du temps pour... la publicité dite par les comédiens.
Est-ce à dire que s'en prendre au texte serait nécessairement un scandale? «Le miroir aux alouettes» dit plutôt le contraire. Stanislas Romanovski aux claviers et une bande-son très travaillée concurrencent souvent le texte et même le supplantent parfois complètement. Les capacités non verbales des jeunes comédiens amateurs de la compagnie du Top sont alors mieux mises en valeur. Et elles font aussi la magie du théâtre. / JMP
Encore ce soir à 20h30 et demain à 17 heures