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Cernier: Allain Leprest et ses "morts d'amour" renaissent à Poésie en arrosoir

A l'affiche du premier week-end du festival Poésie en arrosoir: "Allain Leprest porte un joli nom". L'étincelant héritage du chanteur disparu en 2011 est porté en scène par Carine Barbey et la compagnie 5/4. A voir les 7 et 8 juillet à Cernier.

06 juil. 2018, 16:01
Carine Barbey et Sacha Maffli rendent un hommage simple et sincère à Allain Leprest.

«C’est peut-être Mozart le gosse qui tambourine des deux poings sur le bazar des batteries de cuisine.
Jamais on le saura, l’autocar du collège passe pas par Opéra, raté pour le solfège.»

Ou encore:

«Le temps de finir la bouteille, j’aurai renfanté mes parents, j’aurai peint l’avenir moins grand.»

Il y en a d’autres, des milliers d’autres, des chansons d’Allain Leprest (1954 – 2011). Salué par ses pairs comme le fils légitime des trois B (Barbara, Brel, Brassens), le chanteur à la voix cassée a écrit pour Juliette Greco, Isabelle Aubret, Romain Didier avec lequel il réalise le disque pour enfants «Pantin Pantine» (1998).

"Les morts d'amour"

Encensé par Ferrat, Ferré et les plus grands, resté en marge des circuits du showbiz, il semblait s’être trompé d’époque.
Brûlé par ses vieux démons, à bout de souffle après un cancer en rémission, ce «Rimbaud du 20e siècle» (Jean d’Ormesson!) a tiré sa révérence en août 2011 en demandant, dans un texte testamentaire, «de prier pour les morts d’amour».

Un joli nom

Ses chansons tendres, généreuses, truffées de trouvailles verbales, ont inspiré à la compagnie lausannoise 5/4 le spectacle: «Allain Leprest porte un joli nom». A voir à la Grange aux concerts de Cernier les 7 et 8 juillet. Sur scène. Carine Barbey et Sacha Maffli chantent et disent Leprest avec la complicité des musiciens Jean-Samuel Racine et Lee Maddeford.

Entretien avec une artiste habitée par la chanson française.

Carine Barbey, quelle place a ce spectacle dans votre parcours?

A la base, je suis comédienne, mais j’ai eu la chance de croiser des musiciens qui m’ont fait découvrir que je savais chanter. C’est un bon complément au théâtre, vu que je chante des chansons à textes. J’ai besoin d’un message à transmettre, d’une histoire à raconter. je me retrouve dans les mots des autres.

Le message d’Allain Leprest, quel est-il?

Avec ses mots, il parle de vous, il parle de moi, il parle des gens avec tellement d’amour. «C’est pour l’amour, pas pour la gloire qu’on vient vous voir», c’est sur cette phrase que se termine notre spectacle. Dans cette chanson («Je viens vous voir»), il dit: «Elle est toute seule dans sa cuisine, (…) y’a plus rien de chaud dans son frigo (...) va donc la voir!»

Votre première rencontre avec Leprest?

Je ne l’ai jamais rencontré physiquement, c’est mon grand regret. Je l’ai découvert dans un petit bistrot de Lausanne grâce au patron fou de chanson française. Je suis immédiatement tombée amoureuse des textes de Leprest. C’était évident qu’un jour je créerais quelque chose là autour.

Comment mettre en scène un tel héritage? Comment raconter Leprest?

Très simplement. On a choisi les chansons qui nous touchent, autour des grands thèmes récurrents dans son œuvre: l’enfance, l’amour, la solitude et la mort. Mais il y en a tellement d’autres. Sacha Maffli et moi, nous nous réapproprions ses textes, chacun à notre façon. C’est un spectacle qui fait du bien. Ses textes sont tellement beaux, accessibles, sa poésie est donnée à tout le monde.

Pourtant, il n’a jamais acquis la reconnaissance du grand public?

C’est vrai, il disait: «Je suis le chanteur le plus connu des inconnus». Il n’a jamais obtenu le succès de Brassens ou de Ferrat. Mais je suis sûre qu’il va resurgir. C’est important que ses textes continuent d’être chantés.

C’était aussi un chanteur engagé, inconditionnel de la Fête de l’humanité?

Oui, «Le poing de mon pote» («il est dur comme du caillou mais si pur un poing c’est tout il redevient une menotte, le poing de mon pote»), me donne les larmes aux yeux. Ou encore «Tout ce qui est dégueulasse porte un joli nom». Là aussi, il mettait beaucoup d’engagement et d’ironie.

La dernière image que vous gardez de lui?

Comme je ne l’ai jamais rencontré, pour moi, il n’est pas vraiment mort. Au contraire, je pense qu’il va continuer à exister à travers ses chansons. Quelqu’un qui écrit: «Sans t’avouer que je me manque, donne-moi de mes nouvelles», ne peut tomber dans l’oubli.

Infos pratiques

Grange aux concerts, samedi 7 et dimanche 8 juillet à 19 heures.

 

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