En août dernier, Jean Studer n'hésitait pas à affirmer devant le Grand Conseil que le gouvernement cantonal était «à l'aise face à un éventuel recours au Tribunal fédéral» sur le lien établi entre la réforme de la fiscalité des entreprises et la loi sur l'accueil des enfants. Hier, après la décision du Tribunal fédéral d'annuler la votation du 3 avril, le même Jean Studer ainsi que ses collègues du Conseil d'Etat étaient beaucoup moins à l'aise!
On pourrait même dire qu'ils sont vraiment ridicules. Et avec eux la majorité du Grand Conseil qui a voté ce fameux lien. Cela prêterait presque à rire. Mais la claque que les juges de Mon-Repos viennent d'infliger aux autorités neuchâteloises est très grave et porte atteinte à leur crédibilité, crédibilité déjà fortement ébranlée par les événements de l'an dernier.
Nous écrivions fin janvier dans ces colonnes que ce lien impératif entre réforme fiscale et accueil des enfants était «juridiquement discutable et politiquement hasardeux». Il faut le rappeler aujourd'hui encore: le canton de Neuchâtel a un urgent besoin de ces deux projets qui devraient entraîner d'autres réformes - notamment celle de la fiscalité des personnes physiques. Des réformes elles aussi absolument indispensables pour assurer l'avenir de notre canton.
Hier le Conseil d'Etat, déconfit, n'a pas trop voulu s'appesantir sur la décision du TF et a promis qu'il reviendrait rapidement devant le Grand Conseil avec ces deux objets, mais cette fois sans le lien litigieux.
Et le peuple devrait être, cette fois, consulté dans les règles. On espère cependant que la ridicule pantalonnade qui vient de se dérouler n'aura pas de conséquences néfastes pour les deux objets proposés. Le citoyen n'aime pas qu'on se paie sa tête! Et les événements de ces derniers mois pourraient lui laisser croire que c'est ce qui s'est passé. Il est urgent que les autorités cantonales prennent une fois conscience qu'à trop jouer avec les allumettes, on risque de mettre le feu à toute la maison.
