Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Un virtuose de la manipulation

19 mars 2011, 10:46

La décision du Conseil de sécurité d'autoriser le recours aux frappes aériennes contre la Libye aura au moins eu pour effet premier de pousser Kadhafi à se plier au cessez-le-feu exigé par l'ONU. Pour des insurgés en pleine déroute, cette trêve représente une chance de stabiliser les fronts, en conservant notamment le contrôle de Benghazi, leur fief, et de se réorganiser.

Mais - les Suisses en savent quelque chose - miser sur la parole de Kadhafi, c'est bâtir sur des sables mouvants. Ainsi celui-ci a-t-il invoqué des raisons «humanitaires» pour expliquer son ralliement au cessez-le-feu, alors même qu'il menaçait la veille de ne faire preuve d'aucune miséricorde envers les insurgés, ce qui correspond mieux à ses mœurs habituelles.

Il y a une habileté certaine de la part du dictateur de Tripoli, virtuose de la désinformation et de la manipulation, d'obtempérer si rapidement à la résolution de l'ONU. L'armée de l'air libyenne ne dispose en effet que d'une vingtaine de chasseurs russes opérationnels, elle n'aurait eu aucune chance face à l'armada d'appareils sophistiqués et de missiles dont disposent les forces occidentales. Du coup, Kadhafi a immédiatement mis à profit, hier, les heures qui précèdent la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne pour poursuivre son offensive, assortie de sanglantes représailles.

Kadhafi, de plus, sait pertinemment que les pays impliqués dans cette intervention, déjà englués en Irak et en Afghanistan, veulent éviter à tout prix un engagement terrestre. Et, même si des raids aériens venaient à être menés, ils ne sauraient assurer à eux seuls la sécurité des rebelles. Les appareils alliés devront procéder à des frappes extrêmement précises, de peur de toucher des populations civiles dans lesquelles les forces de Kadhafi vont se fondre.

Le leader libyen mise visiblement sur un enlisement pour miner la détermination d'une communauté internationale divisée. Kadhafi a toujours su jouer avec le temps, mais, cette fois, tout concourt à montrer qu'il pourrait lui être compté.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias