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Un phare sans lumière

09 sept. 2011, 10:11

Dix ans. Dix ans dimanche que le monde se figeait face à son écran de télévision. Au-delà de la violence de l'acte terroriste, injustifiable, l'incapacité du peuple américain à interroger les racines d'un tel geste interpelle toujours. Comme si les Etats-Unis avaient découvert dans le sang et la poussière du 11 septembre, mais sans l'entendre, le ressenti à leur égard d'un monde qu'ils n'avaient pas jugé essentiel d'écouter. Des voix venues du monde arabe bien sûr, mais aussi d'Europe. Une fronde qui prendra pied dans le jardin même de l'Amérique. Par petites touches au début. Au travers des propos d'«originaux» dont la mise au pilori rappellera les heures sombres du maccarthysme. Par la voix d'intellectuels et d'artistes ensuite. Celle, prévisible, du «traître» Sean Penn, mais aussi celle, moins attendue, de l'adoré George Clooney et de son «Syriana».

Malgré cette poussée de conscience, et aussi puissante que la déferlante des attentats ait pu être, les Etats-Unis demeurent incapables de tirer les leçons de plus d'un siècle de panaméricanisme. Des champs de cannes à sucre cubains de la guerre hispano-américaine aux étendues pétrolifères d'Irak. La vague Obama n'y changera rien, la superpuissance s'entête à présenter le visage d'un adolescent sûr de son fait.

Au lendemain de la chute des tours jumelles, les Etats-Unis, blessés, envoyaient au monde l'image d'une nation revancharde. Alors qu'en une décennie, et sans tomber dans le repentir, le gendarme du monde eut pu faire preuve de retenue, il n'en fera rien. Au contraire, les chantres de la démocratie en kit bombarderont Kaboul, pilonneront Bagdad, tortureront à Guantanamo, humilieront à Abou-Graïb, donneront vie à des générations d'orphelins humiliés, assoiffés de revanche, fixant ainsi les Etats-Unis dans le rôle du Prince.

Dès lors, si le repos des victimes du 11 septembre eut mérité que l'on ne s'étende pas, leur mémoire appelle, elle, à souligner que la soif de justice n'a rien d'honorable lorsqu'elle s'apparente à une course aux profits ou, au mieux, à une vengeance.

Dimanche, les regards se figeront une nouvelle fois face à l'écran de télévision. Dans un monde où la liberté gronde des tréfonds des dictatures arabes, les Etats-Unis, qui se figurent toujours en phare du monde, se présenteront fidèles à leur habitude. Noyés dans leur propre reflet.

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