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Un lien cassé à renouer

21 avr. 2011, 15:36

«Vous voulez savoir la dernière connerie de Nicati? Vous voulez savoir la dernière saloperie de Studer? La dernière bêtise de Ory?»

Rapportés à la CEP par le chauffeur de l'Etat, ces propos que lui tenait Frédéric Hainard lorsqu'il montait en voiture sont particulièrement choquants. C'est vrai: sur les 6000 pages réunies par la commission d'enquête, ils relèvent de l'anecdote. Mais à nos yeux, ils montrent que par sa seule attitude, l'ex-conseiller d'Etat n'était pas digne de siéger au Château.

Le rapport de la CEP est tout simplement accablant. Quasi entièrement à charge, même si les commissaires concèdent que le ministre fraîchement élu a posé «un bon diagnostic» sur des services qui dysfonctionnaient, mais a utilisé «les mauvais remèdes». Difficile, en tout cas, de parler d'acharnement à son encontre: les témoignages sont éloquents et les faits largement établis. D'ailleurs, plus encore que l'affaire Olivia, plus que l'engagement de son amie au sein de son département, c'est l'ensemble des méthodes utilisées par Frédéric Hainard qui sont incompatibles avec une charge de conseiller d'Etat.

Et la CEP le dit clairement: si le ministre n'avait pas décidé lui-même de quitter son poste, elle aurait conclu ses travaux en demandant sa démission. Soulignant au passage que les faits imputés sont «autrement plus graves que ceux reprochés à l'époque à Elisabeth Kopp et Maurice Jacot».

Outre les plaintes pénales en cours, le dossier Hainard a donc trouvé son épilogue. Mais le canton n'en ressort pas grandi. Son administration non plus. A tort ou à raison, les Neuchâtelois qui liront le document publié hier pourraient bien se demander si le copinage mis en évidence n'est pas généralisé, si les travers dénoncés au sein d'un seul département ne sont pas la règle dans d'autres services. Et si ces dérapages ne risquent pas de se reproduire. D'où, d'ailleurs, les mesures proposées par la CEP, dont la création d'une commission de gestion.

C'est sûr: le lien cassé entre les citoyens et leurs autorités sera difficile à renouer. Mais restaurer la confiance est indispensable pour que le canton puisse mener à bien ses grands projets, fiscalité ou transports en tête. D'autant qu'au sujet du Conseil d'Etat lui-même, la CEP n'est pas plus tendre: «En lieu et place d'un collège ½uvrant pour le bien du canton, c'est l'individualisme et la rivalité permanente qui ont prévalu», écrit-elle. Et ça, ce n'est pas que la faute à Hainard.

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