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Que reposent en paix les morts tués par le silence

29 nov. 2010, 12:25

Episode surréaliste. Sur le banc du tribunal, Charles Ingalls, le brave père de famille de Walnut Grove, bon travailleur, serviable, courageux, dévoué, sociable et violoniste hors pair le dimanche, est jugé pour le meurtre de son épouse Caroline. «On n'aurait jamais imaginé ça!», s'étranglent les spectateurs de la Petite maison dans la prairie, vallée bucolique où seules les cloches des vaches brisent le silence. Ailleurs, loin de cette apparente sérénité, il existe des quartiers où s'épanouissent les grandes gueules, où on a le droit de crier sa révolte dans la rue, où on ose dire dans la file d'attente du boucher que son mari est parti avec la voisine ou que décidément, «ils» nous saignent ces salauds, les impôts, on pourra encore pas les payer ce mois-ci. Mais pas ici. Chez Calvin, la bonne éducation veut que rien ne dépasse, on ne se mêle pas des affaires des autres et on garde ses souffrances dans sa poche. Les problèmes de fric sous le tapis et le fils en échec scolaire, (p'têt bien drogué vu que le grand-père était déjà alcoolique), dans l'armoire. «On se barricade dans son crâne, son sommeil, son c½ur, ses sens», écrivait Chessex, auteur du «Vampire de Ropraz». Ne reste plus ensuite qu'à se souvenir de sourire lorsque l'on se sait observé. Après le drame, les secrets seront enfouis sous la terre lourde et gelée, dans le silence et la dignité, toujours. Pour la paix des morts, dit-on. Ceux-là même que le silence a tués. Puisse la 20e «Campagne d'activisme contre la violence faite aux femmes», lancée jeudi, inciter enfin ceux qui souffrent - tous, les hommes y compris - à briser ce silence.

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