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Université de Neuchâtel: la parenté vue par les personnes issues d’un don de sperme

Un étudiant de l’Université de Neuchâtel s’est intéressé à la relation qu’entretiennent les personnes issues d’un don de sperme avec leur père à l’état civil.

15 avr. 2020, 19:30
L'annonce du mode de conception procure tout à coup chez l'enfant une dissemblance physique avec le père qui les a élevés.

Un étudiant de l’Université de Neuchâtel (Unine) s’est penché dans son travail de Master en sociologie sur la relation au père chez les personnes issues de procréation assistée avec le don de sperme d’un tiers. Un sujet rarement abordé par la recherche académique.

L’aide médicale à la procréation avec don de sperme pose la question du rôle joué par la génétique dans les liens de parenté. La grande majorité des travaux sur le sujet traitent le point de vue des parents faisant appel à cette aide médicale, et très rarement celui des personnes nées d’un don de gamètes, a indiqué mercredi l’Unine dans un communiqué.

Un lien biologique et social

Les Occidentaux pensent la parenté comme une interaction complexe entre le biologique et le social, et n’accordent pas invariablement une priorité à la première de ces catégories, selon plusieurs travaux anthropologiques et sociologiques. Selon d’autres scientifiques, ce sont surtout les connexions génétiques qui constituent le fondement premier des liens de parenté.

«Dans ce contexte, je me suis demandé comment des personnes nées d’un don de sperme, et revendiquant la possibilité d’identifier la personne à l’origine du don, comprennent et vivent leurs liens de parenté», indique Jeremy Senn, auteur du travail de master réalisé sous la direction de Nolwenn Bühler, maître-assistante au Laboratoire d’études des processus sociaux de l’Unine.

L’auteur de la recherche a recueilli les récits de six femmes conçues avec un don de sperme anonyme et recrutées via une association française qui lutte pour «le droit aux origines». Les interviewées pensent ce droit comme une volonté de mieux se comprendre elles-mêmes, bien plus que comme l’occasion d’établir une relation de parenté avec le donneur, même si celui-ci est parfois perçu comme une figure à la frontière de la parenté.

Perception de dissemblance

Un constat a surpris Jeremy Senn. Chez plusieurs participantes, l’annonce du mode de conception a tout à coup généré la perception d’une dissemblance, notamment physique, avec le père qui les a élevées. Cela illustre l’importance des gènes dans la perception des participantes de leur identité. La révélation de leur origine n’a cependant rien enlevé aux sentiments que les participantes pouvaient éprouver à l’égard de leur père à l’état civil.

«Le statut de ce dernier en tant que 'papa' est même vigoureusement réaffirmé», note Jeremy Senn, cité dans le communiqué. En ce qui le concerne, les participantes dédramatisent l’importance des connexions génétiques. Elles s’appuient sur une acception «sociale» de la parenté, qui fait des sentiments, de l’éducation, et de l’intention parentale les véritables fondements de la parenté.

En revanche, quand ils existent, les liens du sang deviennent importants: toutes les participantes à l’étude ont donné naissance à des enfants «biologiques», et elles valorisent l’aspect «naturel» des liens avec eux.

Jeremy Senn souligne la flexibilité et la créativité des participantes à cet égard. En fonction de la relation considérée, elles optent pour des conceptions tour à tour «constructiviste» et «naturaliste» de la parenté.

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