CRITIQUE - PAR SASKIA GUYE
Ténèbres et lumière. Guerre et paix. Le ch½ur La Croche-Ch½ur dirigé par Nathalie Dubois et le Wind Band neuchâtelois (WBN) de Martial Rosselet ont uni leurs talents et leurs dynamismes pour célébrer ces thèmes éternels et universels. Samedi soir au temple du Bas de Neuchâtel et dimanche à la salle de musique de La Chaux-de-Fonds, le très nombreux public a été emporté par la puissance émotive qui se dégageait de ce spectacle musical.
En ouverture de programme, la cantate apocalyptique «Post tenebras Lux?», de Thierry Besançon et Eörs Kisfaludy nous fait entrer dans un monde de lumière. Très douce est la voix de Brigitte Hool, dont se dégage une plénitude stupéfiante. Elle module son timbre au gré du texte, s'adapte sans forcer aux puissances sonores du WBN. Tout au long de la pièce, le Wind Band montre une variété sonore et rythmique époustouflante. La lumière peu à peu s'assombrit, engloutie par une voix diabolique. Catherine Pillonel Bachetta, alto, possède une voix sombre et un sens dramatique aigu. L'élégant ténor Bertrand Bochud et la basse Lisandro Abadie complètent le quatuor de solistes. Les ténèbres nous aspirent irrémédiablement. De l'obscurité s'élève le son de la trompette, infime lueur d'espoir.
«The armed man: a mass for peace» de Karl Jenkins, messe pour ch½ur, solistes et harmonie réunit à elle seule plusieurs cultures et langues, évolue de la guerre vers une paix enfin retrouvée. Le ch½ur et le WBN font preuve de beaucoup de vivacité et de précision. Ils savent trouver une complémentarité dans les tableaux guerriers et un équilibre dans les pages introspectives. Une voix d'enfant (Vadim Rosselet) amène une respiration candide et fragile.
Surprenant muezzin dans une salle de concert, envoyé là comme voix spirituelle face à la cruauté guerrière. La paix aura raison de la volonté destructrice, et dans un dernier chant unificateur, chanteurs et musiciens se lèvent en un hymne à la paix.