Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Une conductrice condamnée pour homicide après avoir fait un malaise au volant à Neuchâtel

Histoire dramatique devant le Tribunal ce lundi à Neuchâtel. En juillet 2016, une conductrice avait tué un scootériste, après avoir fait un malaise au volant. Elle a été reconnue coupable d’homicide par négligence.

11 févr. 2019, 19:46
Le scootériste avait été évacué par hélicoptère. Il devait décéder de ses blessures à l'hôpital.

«C’est la pire chose qu’il me soit jamais arrivée. Je vous demande pardon. Avoir sur la conscience la mort d’une personne, c’est horrible. Si je pouvais donner ma vie à la place, je le ferais.»

C’est en sanglots que Joana* s’est adressée à la famille de la victime, ce lundi devant le Tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers, à Neuchâtel. Cette Portugaise d’une trentaine d’années, fortement marquée par le drame – elle a parlé de trois tentatives de suicide –, comparaissait pour homicide par négligence, après un accident dramatique à l’été 2016. Elle avait causé la mort d’un scootériste, après un malaise au volant.

Pour ceci, le Tribunal l’a condamné à 40 jours-amendes à 30 francs, avec sursis pendant trois ans.

Une crise d’hypoglycémie

L’accident remonte au 11 juillet 2016 à Neuchâtel. Tôt ce matin-là, Joana est chargée du nettoyage d’un bar, puis d’un magasin du centre-ville. Entre ses deux jobs, elle veut changer sa voiture de place pour éviter une amende. Mais Joana chute dans la rue. Elle souffre depuis longtemps de diabète de type un et vient de faire une crise d’hypoglycémie.

Ayant pris du sucre et attendu quelque temps, Joana se sent mieux et reprend le volant, vers 8h15, pour aller parquer son véhicule au bord du lac. Sans contrôler son taux de glycémie, son appareil étant resté à la maison. «Comme le trajet était court, je me suis dit que ça irait.» De l’Ecluse, elle monte les Bercles et redescend vers le lac. «Je ne me souviens plus de rien après les feux de la place Pury. Je pense avoir perdu connaissance», témoigne-t-elle.

Sur les voies du tram

Victime d’une seconde crise – «ce ne m’était encore jamais arrivé d’en faire deux à la suite» -, Joana va alors zigzaguer, «conduisant» machinalement son véhicule. Arrivée vers le bain des Dames, elle franchit la ligne centrale et percute de plein fouet le scootériste. Elle continue sur les voies du tram quelques mètres, puis poursuit sa route.

La conductrice sera retrouvée à Boudry, la tête sur le volant. «Quand on perd la conscience, on continue, on continue. C’est la voiture qui s’est arrêtée. Pas moi», dit-elle. «Je me souviens de la police et de l’ambulance à Boudry.» Ce sont les gendarmes qui lui apprennent l’accident. Elle ne se souvient que d’un choc, pensant avoir touché un trottoir.

Ce lundi, il revenait au juge Alexandre Seiler la difficile tâche de trancher dans cette dramatique affaire. Le Ministère public requérait une peine de cinq mois de prison avec sursis, pour conduite malgré une incapacité et homicide par négligence. La défense, elle, concluait à l’acquittement. Ou, à tout le moins, une peine se limitant à des jours-amendes.

Et la médecin?

Tania Ferreira, l’avocate de la défense, a notamment mis en avant l’état altéré de sa cliente lorsqu’elle a décidé de prendre le volant. «Le second malaise était imprévisible», a-t-elle estimé, révélant aussi des «lacunes» dans le suivi médical de Joana. La famille de la victime a d’ailleurs dit sa surprise de ne pas avoir entendu la médecin à l’audience.

Devant ces conclusions bien différentes, Alexandre Seiler a pris une voie médiane. Se référant aux recommandations de la Société suisse d’endocrinologie, le magistrat a estimé que «la prudence aurait souhaité que (Joana) laisse son véhicule et aille dans une pharmacie. Si vous aviez vérifié votre taux de glycémie, vous n’auriez pas pris votre voiture.»

* nom d’emprunt

Votre publicité ici avec IMPACT_medias