Regardez bien la photo qui illustre cet article. La silhouette au milieu y apparaît comme l'image d'un homme allongé, une posture qui évoque plutôt le repos. Maintenant, penchez la tête sur la droite. Un sentiment de déjà-vu? Exact: l'image d'origine montre un homme tombant la tête la première d'une des Twin Towers le 11 septembre 2001. L'artiste neuchâtelois Sébastien Verdon s'en est inspiré pour réaliser, par juxtaposition d'une centaine de photocopies, l'une des deux uvres les plus dérangeantes de l'exposition collective vernie aujourd'hui à 17 heures aux Caves du palais, à Neuchâtel.
Sébastien Verdon bouscule encore davantage la notion commune de l'art avec un travail improvisé sur place: un tas de factures posé au travers du couloir central du rez-de-chaussée. «J'ai vu ces papiers», raconte-t-il, «en explorant le grenier du bâtiment, dont ils couvraient le sol. J'ai trouvé ça super, mais je ne voulais pas envoyer les visiteurs là-haut: trop dangereux. Je les ai donc descendus. Je trouve assez fascinant de penser que le contenu de toute cette paperasse tiendrait aujourd'hui dans une clé USB. Ce tas rappelle aussi, bien sûr, les tas de factures que nous laissons parfois grossir chez nous.»
Outre Sébastien Verdon, un autre Neuchâtelois, Steeve Mayor, et le Parisien Serge Uro forment le trio qui occupe les lieux jusqu'à la fin du mois.
Steeve Mayor a poussé ses deux confrères à monter cet accrochage, afin d'utiliser, peut-être pour la dernière fois, un bâtiment qui - du fait de ses futures fonctions judiciaires - ne se prêtera sans doute guère, à l'avenir, à la provocation artistique. Une provocation moins apparente chez lui. Elle tient plus dans sa façon d'utiliser l'ordinateur que dans sa manière de brosser le portrait «de star et de criminels mis en avant par les médias»
En revanche, les collages ou montages photographiques de Serge Uro jouent franchement la carte de la juxtaposition saugrenue. On peut évidemment donner à chacun d'eux le sens qu'on veut. Mais leur auteur lui-même s'en soucie-t-il? /jmp