Votre publicité ici avec IMPACT_medias

«Un projet très bon et très moral»

01 avr. 2011, 04:15

On ne peut pas tout le temps gagner: Huguette*, la quinquagénaire valaisanne qui comparaissait hier devant la Cour criminelle de Neuchâtel, dit avoir mis 110 000 francs dans le système de circulation d'argent qu'elle a créé sous le nom d'«Allegria» et en avoir récupéré 80 000. «Mais les 30 000 francs de différence n'étaient pas une perte; c'était un don.» Le tribunal présidé par Alexandre Seiler n'a cependant pas pu dire si «Allegria» relève de l'escroquerie et viole la loi sur les loteries et paris professionnels: il a renvoyé la cause pour compléments de preuve.

Il a quand même pu constater que, pour la prévenue, le vocabulaire a son importance: «Thérapeute indépendante» selon l'ordonnance de renvoi, Huguette dit avoir «toujours cru aux dons et à la solidarité» et avoir «senti un appel» pour monter le système «Allegria». Qui, selon le Ministère public, s'apparente à un système de «boule de neige».

Pour Huguette, il s'agit juste «d'entraide». Certes, les dons devaient conduire à des «retours de dons», car «donner, c'est recevoir». Deux témoins disent d'ailleurs en avoir fait l'expérience: ils ont mis 600, puis 2500 francs; entre six et douze mois plus tard, ils ont reçu 1200 et 3400 francs.

«Un joli taux d'intérêt», commente la procureure Vanessa Guizzetti. Un «projet très bon et très moral», résument les témoins. Dont la confiance envers Huguette n'a pas été ébranlée par ses six semaines en détention préventive. «Je ne vois pas ce qu'il peut y avoir d'illégal dans le fait de donner.»

Mais ils admettent «ne pas avoir tout compris dès le début» sur le fonctionnement d'«Allegria». En tout cas, «tout l'argent versé allait à ceux qui devaient le recevoir. Pour la Chaîne du bonheur, par exemple, une partie paie des frais administratifs.»

Mais d'où viennent les plus-value que certains disent avoir touchées? L'expert qui examinera les kilos de papiers amenés en cours d'audience par la gendarmerie le dira peut-être. La prévenue et les deux témoins ont en tout cas assuré qu'«Allegria» ne poussait pas au recrutement de nouveaux membres. Mais c'est une cause qui mobilise: quelque cinquante personnes garnissaient la salle d'audience. /jmp

*Prénom d'emprunt

Votre publicité ici avec IMPACT_medias