Haut-lieu de l’imprimerie dès la Réforme, Neuchâtel joua un rôle de premier plan dans la propagation des livres interdits. Après une première exposition consacrée aux multiples formes de la censure contemporaine, la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel (BPUN) met en scène trois siècles de livres à scandales, de 1530 à 1830: «Gare au désordre!». Morceaux choisis.
La morale de l’argent
Tout commence avec Guillaume Farel (1489-1565). Le réformateur est l’instigateur de la première imprimerie neuchâteloise. Ses pamphlets anti-catholiques et les brûlots d’extrémistes protestants provoquent d’énormes scandales dans les pays voisins. Des livres sont brûlés, des imprimeurs persécutés, mais pas à Neuchâtel, où l’Eglise protestante est dominante.
«Souvent, le censeur se contentait d’interdire la diffusion sur le sol neuchâtelois», relève Michel Schlup, grand spécialiste de la question, commissaire de l’exposition. «Parfois, il ordonnait la fermeture de l’imprimerie incriminée durant quelques jours, le patron faisait deux ou trois jours de prison,...