Scène quelque peu surréaliste à La Tène ce samedi 17 juillet, où on a pu croiser, entre deux caravanes, un cygne et une famille de canards qui glissaient paisiblement sur l’eau.

Le spectacle avait l’air de les surprendre tout autant que nous, alors qu’ils slalomaient entre un barbecue, des chaises de jardin ou encore un trampoline qui émergeaient du lac.

Depuis jeudi après-midi, les volatiles et les poissons ont en effet remplacé les campeurs sur une partie du camping. L’accès aux endroits inondés a été fermé.

«Tous les locataires permanents des espaces sur la presqu’île – ils sont une vingtaine – ont été évacués jeudi après-midi», nous a indiqué une jeune fille à l’accueil. Ailleurs, ceux qui sont restés ont l’interdiction de se baigner. Et il est déconseillé de s’approcher du lac.

Une vingtaine de locataires du camping de La Tène ont dû être évacués. Photo: Christian Galley

Chalets cernés par les eaux

A la Pointe du Grain, les berges sont également interdites d’accès. Mais on y a croisé tout de même de nombreux curieux, et quelques propriétaires de chalets, les mollets dans l’eau. Parmi eux, Catherine Schnurr restait philosophe.

«Ce n’est pas la première fois que notre chalet de vacances est inondé. Je me souviens de 2015, où c’était du pareil au même, l’eau entourait aussi le chalet. Il est dans la famille depuis 52 ans mais je ne me souviens pas tellement avoir connu ça enfant.»

A lire aussi : Intempéries: les propriétaires inondés seront-ils indemnisés?

Surélevé à un petit mètre du sol, le chalet a été tout juste épargné. Seuls la cave et le garage sont inondés. «Il y a des petits poissons…», note Catherine Schnurr, amusée. «Ce n’est pas drôle, mais ce n’est pas comparable avec ce qu’ont vécu certains dernièrement», relativise-t-elle.

La propriétaire avait pris soin dès jeudi de mettre en hauteur les objets dommageables, ainsi que les bidons d’essence qui étaient dans le garage, afin de ne pas polluer le lac, précise-t-elle. «Je pense m’en sortir avec un gros nettoyage, mais sans dégâts».

Catherine Schnurr, propriétaire d’un chalet à Bevaix, espère s’en sortir avec de gros nettoyages. Photo: Muriel Antille

Un peu plus loin, les alentours de la buvette ont des airs de bayou. La piste de pétanque est noyée sous 50 centimètres d’eau, les troncs qui la délimitaient sont partis flotter vers d’autres rives.

«Attention! Derrière toi! Un crocodile!», lance le bistrotier Vincent Steudler, alors que l’on tente de le rejoindre, de l’eau jusqu’aux genoux. Il n’a pas perdu le sourire, mais il s’avoue quand même «complètement dépité.»

A peine les beaux jours reviennent qu’on doit fermer.

Vincent Steudler, gérant de la buvette de la Pointe du Grain

Lui a tenté de servir ses clients jusqu’au bout, même lorsque les pieds de la moitié de ses tables étaient déjà dans l’eau. «Vendredi, j’ai fait amener une centaine de palettes pour tracer un chemin, on a ouvert la cuisine à 12h, mais une heure plus tard, on a dû fermer sur décision administrative, au motif que des arbres pourraient tomber.» Peu après, l’eau arrivait à fleur de la cabane.

Gérant de la buvette de la Pointe du Grain, Vincent Steudler en a plein les bottes mais il garde le sourire. Photo: Christian Galley

Ne reste plus qu’à sauver les meubles, littéralement, et attendre que les eaux redescendent. «On ne sait pas combien de temps ça va prendre. Il va falloir ensuite nettoyer tout ça», soupire-t-il.

«On a déjà eu une saison de merde, entre le Covid et les intempéries. A peine les beaux jours reviennent qu’on doit fermer. C’est vraiment la cata, il ne manque plus que les algues tueuses et la pluie de météorites!»

A lire aussi : Intempéries: que d’eau au barrage du Châtelot!

Prudence sur le lac de Neuchâtel: «La décrue sera lente»

La décrue du lac de Neuchâtel n’avait pas encore commencé ce lundi 19 juillet en fin de journée. Il est toujours interdit de se baigner et de naviguer. Et cela pourrait durer plusieurs jours.