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Prison et expulsion pour une série de coups de couteau dans un appartement de Neuchâtel

Une fin de soirée s’était terminée de manière sanglante en mai 2017 à Neuchâtel. Un jeune Somalien a écopé ce jeudi de cinq ans de prison pour une double tentative d’homicide.

07 févr. 2019, 19:08
Le Tribunal régional a conclu à une peine de prison ferme de cinq ans, assortie d'une expulsion en Somalie.

«Mon frère, c’est comme un couteau. C’est un outil qui peut servir à faire des choses bien, comme couper des oignons, mais il peut aussi faire mal.» 

La métaphore a marqué le Tribunal criminel du Littoral et du Val-de-Travers ce jeudi. Elle provient du frère d’Ahmed*, prévenu d’une double tentative d’homicide et de brigandage, entre autres chefs d’accusation.

Altercation sanglante

Les faits remontent à la nuit du 29 au 30 mai 2017, dans un appartement de Neuchâtel. Quatre hommes, qualifiés de marginaux par l’avocate de la défense, se retrouvent pour continuer de boire de l’alcool. Ils se sont rencontrés à la gare où Kevin*, quadragénaire à l’aide sociale, vient de retirer 600 francs, le solde de son compte en banque.

Dans l’appartement d’Antoine*, un autre cabossé de la vie, une altercation survient entre Kevin et Ahmed. Le premier accuse le second de lui avoir piqué son argent. Ils en viennent aux mains. Le résultat est sanglant, Ahmed poignarde Kevin, puis Antoine, qui avait voulu intervenir. Le pronostic vital de Kevin, touché au thorax, à la nuque et au cou, est engagé, alors qu’Antoine reçoit des coups près du cœur.

600 francs dans le slip

Ahmed n’ayant pu fuir en raison d’une porte fermée, la police le découvre avec deux couteaux dans les mains. Les 600 francs sont cachés dans son slip. Il expliquera alors regretter les événements, mais en aucun cas de s’être défendu, dit-il.

Pour le Ministère public, la culpabilité du jeune Somalien est lourde. «Le détail qui le voit retourner dans la salle de bains pour donner un coup dans le dos à sa première victime ne colle pas avec l’explication de la légitime défense», a plaidé le procureur général Pierre Aubert.

Expulsion requise

Il a rappelé le passif du jeune homme, qui a notamment fugué de plusieurs instituts où a été placé, et cumulé des incartades avec la police. L’homme de loi a ainsi estimé que «la seule place pour lui, c’est la prison». Il a conclu à une peine ferme de quatre ans, ainsi que l’expulsion du territoire.

Il a été rejoint par les avocates des victimes. «Le fameux couteau dont parlait son frère, je vois mal quand il a été utile. Depuis son arrivée en Suisse, il n’a fait que trancher», a commenté Noémie Reber Dubois.

A l’opposé, la défense a plaidé la légitime défense. «Il n’a eu d’autre choix que d’agir pour sauver sa peau», a estimé Sandra Spagnol, plaidant, elle, pour un traitement en milieu fermé. «Il faut lui proposer un projet de vie.»

«Particulièrement dangereux»

Pour le tribunal, Ahmed a déjà eu cette chance durant ses mois de préventive et ne l’a pas saisi. Pire, il «s’est renfermé sur lui-même pour soutenir l’insoutenable», a jugé la présidente Shokraneh Habibi Amini. «Son comportement est parfaitement inadmissible et particulièrement dangereux.» Retenant les deux tentatives d’homicide, la cour a conclu à une pleine de cinq ans ferme, assortie d’une expulsion vers la Somalie. «C’est un cas d’expulsion obligatoire et il n’y a aucun élément qui permet de faire application d’un cas d’exception.»

*Prénoms d’emprunt.

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