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Où sont passés les batz?

Exhumé des tréfonds de l'histoire pour célébrer le Millénaire de Neuchâtel, le batz garnit les bas de laine, mais encore faiblement les tiroirs caisses. Monnaie sortie début mars, le batz attise davantage l'intérêt des collectionneurs que des consommateurs.

12 avr. 2011, 16:40

A la confiserie Schmid, la pièce est en chocolat, mais c'est la version métal qui part comme des petits pains. C'est d'ailleurs la seconde qui tire la première. «Depuis le lancement du batz, le 1er mars, nous vendons beaucoup mieux notre pièce en chocolat».

La confiserie fait d'ailleurs d'une pierre deux coups en proposant une boite de batz en chocolat sur laquelle un batz sonnant et trébuchant est fixé. Sébastien Hegetschweiler signale que sa pâtisserie a acheté pour 1500 francs de batz et écoulé une cinquantaine de boîtes spécial millénaire.

80 commerces impliqués
De l'autre côté de la rue, la librairie Payot joue aussi le jeu du batz comme quatre-vingt autres commerces indépendants neuchâtelois.

«Nous avons acquis environ 500 batz. Les clients les achètent pour thésauriser, mais ils sont peu nombreux encore à employer la monnaie pour faire leurs courses », relève Jean-Marc Boerlin, gérant.

Un mois et demi après le lancement du batz, la pièce garnit les bas de laine mais s'invite aussi  progressivement dans les tiroirs caisses. «Avant, on vendait uniquement la pièce, mais depuis huit jours nous commençons à en recevoir», signale Sébastien Hegetschweiler.

De monnaie de collection, elle devient doucement mais sûrement monnaie d'échange. Père du projet batz, Gilles Perret, conservateur du cabinet numismatique de Neuchâtel, considère que l'objectif poursuivi par cette opération est déjà atteint. «Que 80 commerces de détail et 21 points de vente Coop soient partenaires de cette campagne est un succès». Les Neuchâtelois sont manifestement preneurs de cette pièce historique au message identitaire.

«Lors de la cérémonie du 1er mars, nous en avons vendu plus de 500, une dame en a même acheté douze», rapporte Maya Bauer, chargée de communication au Millénaire. La première édition de 30'000 pièces ne devrait pas jaunir. Les commerçants indépendants en ont acheté 5000 et La Coop 20'000.

Vaudois et Jurassiens aussi
Les Neuchâtelois ne sont pas les seuls à en pincer pour le batz. «Des collectionneurs des cantons de Vaud et du Jura nous téléphonent pour en obtenir». On murmure qu'Evelyne Widmer-Schlumpf en posséderait quelques exemplaires.

L'inauguration officielle des festivités du Millénaire, le 23 avril prochain, devrait stimuler la circulation du batz sur les comptoirs des magasins. «Pour l'instant, les transactions sont surtout le fait des numismates et des gens impliqués dans le Millénaire. Les choses vont bouger dès lors que le public aura véritablement conscience que nous entrons dans le vif du sujet des festivités», pronostique Gilles Perret.

Maya Bauer est convaincue aussi de cet effet de levier. «Les magasins vont se parer de décorations. S'ouvrira aussi un atelier monétaire et s'organiseront des animations autour des poids et mesures. Tout cela va dynamiser la circulation du batz».

Les consommateurs auront alors la possibilité en faisant leurs courses de connaître la parité franc suisse/ batz. «Le CPLN a développé un convertisseur de monnaie ad hoc pour comprendre les prix que les commerçants afficheront sur leurs étiquettes», signale Gilles Perret.

Et si le succès du batz devait menacer la franc suisse et reculer d'autant l'adoption de l'euro? «Notre opération n'a rien d'un réflexe de repli, bien au contraire. Nous voulons montrer l'évolution des monnaies», relève Gilles Perret, manifestant aussi son intérêt pour la monnaie européenne.

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