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Olivier Guéniat décortique la saga du «sadique zoophile»

En marge de l'assemblée générale du Musée de l'Areuse, mercredi, Olivier Guéniat a offert au public un exposé sur l'affaire du «sadique zoophile» qui a ému la Suisse en 2005. Un vrai cours sur l'aveuglement et l'emballement médiatique. Drôle, intelligent, efficace. Il est des soirées mémorables. Celle offerte mercredi au public réuni au Musée de l'Areuse en fait partie. Olivier Guéniat, chef de la police de sûreté neuchâteloise, a tenu en haleine une salle comble avec son analyse de l'affaire du «sadique zoophile». Il en a fait un cours.

24 mars 2008, 12:00

En été 2005, toute la Suisse ne parle que de ça. Un malade s'attaque aux animaux. Il les blesse à coups de couteau, les tue, prélève sexes et tétines sur les cadavres. Les cas se comptent par dizaines, les articles par centaines. L'affaire traverse les frontières: TF1 lui consacre un long reportage: «Terreur sur les pâturages». Un psychiatre l'affirme: «Si on ne l'arrête pas, il pourrait s'attaquer aux humains!» L'angoisse est à son comble. Des patrouilles armées arpentent les pâturages.

A Neuchâtel, Olivier Guéniat prie pour que le sadique - ou, selon certains, une bande - ne vienne pas sévir dans la région. Vain espoir. Le canton entre dans la tourmente. Olivier Guéniat donne un ordre à ses troupes: «Agir comme s'il s'agissait d'un meurtre!»

Dès lors, on photographie, on prélève l'ADN, on s'entoure de spécialistes. Au lieu de chercher le coupable, on envisage d'autres hypothèses. C'est le b.a.-ba de toute enquête. Pourtant, d'éminents policiers ont négligé la méthodologie. C'est qu'ils sont convaincus, à l'instar d'Olivier Guéniat au début, que seul un désaxé a pu infliger ces tourments aux bêtes. Le conditionnement - le même que celui qu'on observe dans les erreurs judiciaires - est tel qu'il empêche de voir des choses évidentes. Dans un cas, par exemple, s'exclame l'orateur, pour tuer l'animal, «le sadique aurait dû être parachuté», tant est retiré l'endroit où a été retrouvé la bête.

Les investigations menées par les Neuchâtelois permettent de découvrir que les animaux sont décédés de mort naturelle ou ont été victimes d'accidents et /ou d'attaques de carnivores. Les coupures ne correspondent en rien à celles faites par un couteau: on a vérifié dans un abattoir.

Ainsi, l'âne découvert à Couvet dans un champ, sans ses oreilles, une plaie énorme entre les pattes arrière, est autopsié. Verdict: arrêt cardiaque. Pourtant, la voyante personnelle de la reine d'Angleterre, qui s'est déplacée - authentique! - a eu une vision: deux hommes en jeans en train de clouer contre une poutre les parties génitales du pauvre animal. Or l'âne était castré!

Emaillée de bons mots - «dans une telle affaire, on ne peut pas interviewer les autres vaches» -, la démonstration d'Olivier Guéniat n'a laissé personne indifférent. Chacun est reparti plus instruit. Et l'esprit critique aiguisé. / LBY

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