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Nouvelle vie pour une bible du 17e

15 juil. 2011, 06:57

«Elle appartenait vraisemblablement à une vieille dame et a été récupérée par ses héritiers qui l'ont mise en vente sur internet.» Jean-Pierre Emery, habitant de Neuchâtel, parle de la bible qu'il a acquise voici trois ans. Un ouvrage datant de 1662 que vient de terminer de restaurer l'artisan relieur d'Auvernier, Laurent Hirsig.

«C'est, en fait, un tas de feuilles gondolées, déchirées dans les bords, rongées par endroits par des vers à bois et maintenues entre deux cartons reliés par de la ficelle que Jean-Pierre Emery m'a apporté», sourit Laurent Hirsig en présentant un magnifique ouvrage relié d'un cuir marqué de dorure.

Imprimée à Lyon

A l'intérieur, des marbrures aux couleurs terre d'ombre et indigo d'époque décorent la couverture. Comme neuves, les 1050 pages de cette bible sont couvertes d'une écriture de français ancien où transparaissent encore des lettres et mots hérités du latin.

«Elle a été imprimée à Lyon en 1662, puis traduite du latin en français à la fameuse université catholique du Louvain, en Belgique», explique René Péter-Contesse, ancien directeur de la Bibliothèque des pasteurs de Neuchâtel, aujourd'hui retraité.

Spécialiste en la matière, ce dernier a consulté des ouvrages recensant toutes les bibles anciennes et toutes les bibliothèques qui en possèdent. «Nous avons alors découvert que la bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel possédait un exemplaire du même tirage.»

Et René Péter-Contesse de poursuivre: «Aucun de ces deux exemplaires n'était complet. Par chance, nous avons pu photographier dans celui de la bibliothèque toutes les pages manquantes de l'ouvrage appartenant à Jean-Pierre Emery et ainsi le reconstituer entièrement.»

C'est tout de même un bon tiers de cette bible que Laurent Hirsig s'est appliqué à restaurer. Un travail qui lui a pris, «officiellement», dit-il en souriant, une trentaine d'heures... Le relieur s'empresse d'ajouter. «Pour un artisan, c'est un travail magnifique à réaliser. ça ne m'arrive pas tous les jours de pouvoir mettre en pratique, dans une seule restauration, toutes les facettes de mon métier, telles que la reliure en cuir, la dorure ou encore la marbrure.»

Une valeur inestimable

Si l'acquéreur de la bible dit avoir «oublié», le prix qu'il l'a payée, il laisse entendre que le montant ne dépasse pas les trois chiffres. Quant au coût de la restauration, il reste secret. Seule certitude, la Loterie romande a pris en charge une partie de la facture. Pour le reste, «il vaut le prix que l'on veut bien lui donner», estime Laurent Hirsig.

Autre mystère, la bible ne restera pas entre les mains de Jean-Pierre Emery. «Je l'ai achetée pour marquer mes 70 ans dans l'idée de l'offrir et pour qu'elle soit visible du public.» L'homme n'en dira pas plus, mais promet de tout dévoiler à la rentrée.

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