«Notre vent, notre énergie, vraiment»? C’est en tout cas l’interrogation de l’association anti-éoliennes Paysage libre depuis que son président, Michel Fior, a appris que le projet de parc éolien de Crêt-Meuron dans le Val-de-Ruz passera en mains coréennes au mois d’octobre.

Comment? Si le siège de la Société de production d’énergie qui gère le projet de sept mâts est situé à Cernier, «c’est la société RES France, dont le siège est à Avignon, qui est le propriétaire effectif du projet de Crêt‐Meuron», précise Michel Fior. RES France appartient elle-même à la maison-mère britannique RES. C’est cette dernière qui a annoncé, lundi 9 août, la cession de ses activités françaises au conglomérat sud-coréen Hanwha, présent dans la finance, la chimie, le bâtiment, l’énergie et l’armement.

Etonnement à la Commune

«Cela ne me fait pas plaisir que ce projet soit racheté par des Coréens, mais c’est toujours mieux que d’acheter du gaz à Poutine. Et l’électricité qui sera injectée dans le réseau sera vaudruzienne», réagit le conseiller communal François Cuche, responsable du dicastère de l’énergie.

Mais de concéder: «Ce rachat nous étonne aussi. Nous avons des contacts réguliers avec RES, et jamais il n’a été question de vente. On a toujours eu un partenariat fiable et une compréhension mutuelle, comme lorsqu’il s’est agi de modifier le projet afin de préserver au mieux les pistes de ski de fond du Centre nordique de La Vue-des-Alpes/Tête-de-Ran.»

Mais Michel Fior s’interroge: «Les propriétaires coréens appliqueront-ils les mesures environnementales coûteuses qu’impose le permis de construire?» Selon le conseiller communal, le projet du parc éolien de Crêt-Meuron sera cédé sous sa forme initiale, avec les mêmes conditions négociées auparavant avec RES France. «Les acheteurs devront aussi les appliquer».

Manœuvre financière?

François Cuche relève que le projet de Crêt-Meuron est un ancien et petit projet dont «le ratio entre les coûts et les bénéfices n’est pas aussi bon que celui de Mont-Perreux, qui est plus grand et dont le bien-fonds est propriété de la commune». Ne faut-il pas craindre alors une manœuvre financière autour de ce parc? Pour l’anti-éolien en effet, avec ce rachat, «les subventions payées par les consommateurs suisses finissent désormais dans les caisses d’actionnaires coréens».

«L'entreprise porteuse du projet n'a touché aucune subvention. Au contraire, elle a pris tous les risques», précise Martin Kernen, membre de la Société de production d’énergie du Crêt-Meuron.

«Cette dernière étant basée dans le Val-de-Ruz», ajoute François Cuche, «elle paiera ses impôts sur le bénéfice à la commune quand le parc entrera en fonction». Ce projet pourrait être inauguré au mieux en 2025, selon les projections du Conseil d’Etat neuchâtelois.

En signant un accord pour acquérir 100% de la participation au capital de RES France, Hanwha estime qu’elle «sera non seulement parfaitement positionnée pour accélérer la croissance de son activité de développement de projets d’énergie renouvelable en France, mais elle doublera également son pipeline de projets d’énergie propre en Europe, qui atteindra environ 10 GW», selon une dépêche de l’APF du 11 août.

Nord vaudois: le projet éolien de la Grandsonnaz est à bout touchant

Le projet de la Grandsonnaz arrive à un moment critique. Le plan d’affectation de ce parc éolien situé près du Chasseron et du Val-de-Travers est mis à l’enquête publique.