Assurément, l’histoire (vraie?) du petit Robert (Robert Sandoz) vaut bien un spectacle. Hôte du théâtre du Pommier en compagnie de son pote Adrien Gygax, DJ pour la circonstance dans «Mon père est une chanson de variété», il parle de sa famille, surtout de son père, omniprésent.
Personnage de légende dans ce récit emberlificoté, il est impossible de démêler le vrai du faux tant le narrateur a le chic pour brouiller les pistes. Est-il inconnu, mort, proche de la famille ou même présent dans la salle, le mystère reste intact jusqu’à l’épilogue.
Le public passe ainsi par tous les états, incrédule, conquis, sceptique, ému, rigolard, moqueur, attendri, critique, totalement fan, pas du genre à se laisser avoir… Quelle version faut-il croire dans cette interprétation très diversifiée du paternel? Toutes sont plausibles. C’est à chacun de faire son choix, peut-être par rapport à son propre vécu.
Ça, c’est pour l’histoire; avec en supplément une bonne dose d’humour, beaucoup d’inventivité, un sens inné de la dérision, un petit air de pince-sans-rire et un chouïa d’émotivité, mais point trop n’en faut.
C’est là qu’intervient le DJ, omniprésent lui aussi, pour balancer inlassablement les chansons des années 1980, celles qui ont bercé le petit Robert durant toute sa jeunesse. Claude François, Jean-Jacques Goldman, Joe Dassin, Michel Sardou, William Sheller, pour ne citer que les principaux, l’aident à résoudre ses questions existentielles. Sont-ils des pères de substitution? Ils en font en tous les cas le héros de toute une génération.
Apparaît alors une mère (Yvette Théraulaz) qui ajoute encore un peu de trouble (comprenez tendresse) à l’intrigue. Si le spectacle comporte parfois quelques inepties (bienvenues!), il n’en conserve pas moins toute sa fraîcheur. Ne dit-on pas qu’au théâtre tout est permis?
Pierre-Alain Favre
Neuchâtel, CCN-Théâtre du Pommier, je 7 mars à 20h;
Le Locle, La Grange, ve 15 mars à 20h30;
Bienne, Nebia Poche, je 28 et ve 29 mars à 20h.