De la petite start-up spécialisée au grand groupe généraliste, de nouveaux acteurs débarquent en force sur le marché immobilier neuchâtelois.

Dans un premier temps, ces nouvelles pratiques ne changeront pas grand-chose pour les locataires. Mais l’épargnant qui entend investir ses économies dans la pierre a de nouvelles possibilités.

Cette effervescence traduit-elle un regain d’intérêt pour la région?

Des ventes qui coûtent moins cher

Mettre votre bien immobilier sur le marché et vous aider à trouver un acheteur au meilleur prix, voilà le domaine qui évolue rapidement dans le canton.

Traditionnellement financé par une commission proportionnelle à la vente (2 à 3%), le courtage est devenu très rentable avec la hausse des prix de l’immobilier. Ce qui ouvre une brèche pour de nouveaux modèles d’affaires.

Les jeunes sociétés Kiiz ou Neho proposent ainsi de vendre un bien en prélevant non pas une commission au pourcentage, mais un montant forfaitaire. Il peut être inférieur à 10 000 francs quand les courtiers classiques peuvent demander des dizaines de milliers de francs.

C’est ce modèle qui fait le plus réagir le secteur. «Attention aux prestations qui sont comprises ou pas dans la démarche: recherche d’acheteurs, annonces, organisation des visites…», avertit Fabrice Bolliger, président de la section Neuchâtel Jura de l’Union suisse des professionnels de l’immobilier. Il prévient: «Sans dénigrer les activités de qui que ce soit, nous voulons mettre en évidence notre travail, basé sur le contact avec les clients, le suivi des dossiers durant tout le processus de vente et la connaissance du terrain.»

Les meilleurs courtiers sélectionnés

Certaines start-up misent sur la technologie, C’est le cas de Bestag, fondée par le vaudois Patrice Choffat. Son but? Sélectionner parmi tous les courtiers actifs sur un territoire les trois susceptibles de réaliser la meilleure vente.

La recette pour déterminer cette «short list» passe par un logiciel qui scrute les annonces sur de nombreux sites internet, selon une quinzaine de critères, comme le temps qu’il a fallu pour conclure une transaction ou le nombre d’ajustement de prix réalisés.

Incités à trouver rapidement une transaction au meilleur prix, les professionnels sélectionnés sont souvent les courtiers locaux qui ont déjà une bonne liste d’acheteurs potentiels.

Dans la région de Neuchâtel, sur 35 courtiers, «seuls cinq ou six sont les plus qualifiés en fonction du type de bien que l’on cherche à vendre. Ce qui fait que beaucoup de consommateurs ne sont pas très bien servis», estime le responsable de Bestag pour la Suisse romande, Francisco Hernandez.

L’accroissement de la mobilité pourrait prochainement bénéficier aux villes neuchâteloises. Photo: Muriel Antille.

Investir à partir de 20 000 francs

Cette année, des sociétés romandes annoncent avoir acquis leurs premiers immeubles par financement «participatif» dans le canton de Neuchâtel.

Foxstone, basée à Genève, et Imvesters, société vaudoise, permettent de participer à l’achat d’un immeuble à partir d’environ 20 000 francs. Ce qui donne accès au lucratif secteur immobilier à de petits épargnants qui en étaient auparavant exclus.

Imvesters a acquis un immeuble à Peseux en 2020. Foxstone a récemment acheté à Cornaux un immeuble de 20 appartements pour 4,6 millions de francs, recourant en partie à un prêt et en partie aux petits investisseurs.

Les deux entreprises promettent des rendements autour de 6% par an grâce aux revenus locatifs. «Nous nous réjouissons de développer notre activité dans le canton de Neuchâtel, qui s’illustre depuis plusieurs années par son dynamisme économique et culturel», explique Dan Amar, directeur de Foxstone.

De nouvelles enseignes de prestige

Parmi les nouveaux venus de l’immobilier, le poids lourd, c’est Gerofinance. Le groupe genevois, avec les marques Barnes et Régie du Rhône, vient d’ouvrir sa nouvelle agence à Neuchâtel, en plein centre-ville.

Dans le canton de Neuchâtel, le premier groupe immobilier romand (une vingtaine d’agences) perçoit quinze millions de francs de loyers par an pour des propriétaires privés comme institutionnels. Mais il construit aussi et joue le rôle d’entreprise générale dans des gros projets.

Pour le patron de Gerofinance, Jérôme Félicité, «l’accroissement de la mobilité a transformé le marché au cours des 20 dernières années. Ce dynamisme a profité à des localités comme Bulle ou Estavayer. On le sent aussi désormais dans le haut et le bas du canton.»

«Ce qui ne suit pas, c’est la démographie»

Yann Sunier, directeur de la Chambre immobilière neuchâteloise, confirme que l’arrivée de nouveaux acteurs agite le milieu immobilier neuchâtelois: «Le marché change, c’est indéniable».

L’explosion de la mobilité, la recherche du calme et la possibilité du travail à distance joue en faveur du canton qui a revu sa fiscalité.

«C’est positif que toutes ces entreprises s’intéressent à la région», se félicite Yann Sunier. Mais ce qui ne suit pas pour l’instant, c’est la démographie. Si le gâteau ne s’agrandit pas, les parts seront plus petites. Donc la situation est un peu tendue.»

Neuchâtel: le Salon de l’immobilier change de mains

Organisé depuis 2010 par les frères Pont et leur comité, le Salon de l’immobilier neuchâtelois (Sine) sera désormais dirigé par l’entreprise Chassot Concept.