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Neuchâtel envoûté par les derviches tourneurs

06 oct. 2009, 08:34

CRITIQUE - PAR CATHERINE FAVRE

Pari gagné pour Georges Grillon, maître de cérémonie du festival Culture nomade. Les trois spectacles consacrés le week-end dernier à la musique soufie se sont joués à guichets fermés. Et en prime, son rêve le plus fou - inviter des derviches tourneurs à Neuchâtel - a drainé les foules dimanche au temple du Bas. Un public venu de toute la Suisse et de tout âge, fasciné par le mystère de cette danse giratoire perpétuée depuis 800 ans par la confrérie soufie des mevlevi. Malgré la bonne demi-heure d'attente à l'entrée, l'ambiance était à une zénitude joyeuse. On a même entendu dans la foule un groupe de Genevois se promettre de venir plus souvent à Neuchâtel! C'est dire si les manifestations d'extase, célébrées par l'ordre des mevlevi, prennent de multiples formes.

Originaire de Konya, en Anatolie, la troupe présente depuis vingt ans à travers le monde le rituel du sema (danse extatique) avec toute la rigueur d'un art sacré. Avant l'entrée en scène des danseurs, les musiciens et chanteurs interprétèrent en turc puis en persan des hymnes liturgiques. Cette musique, extrêmement riche dans ses mélopées répétitives, scandée par les instruments traditionnels (cithare, luth, bendir, notamment) suscita toutefois, ici et là, quelques attaques de paupières et autres débuts de somnolence.

La magie opéra totalement 45 minutes plus tard avec le déploiement des cinq derviches et de leur maître. Drapés dans d'amples robes blanches emblématiques du suaire et coiffés de hautes toques coniques, les danseurs se mirent doucement, lentement, en mouvement. Tête penchée, main droite levée vers le ciel, main gauche tournée vers la terre en signe de communion silencieuse avec l'univers. Chaque pas, chaque regard, chaque geste inscrit dans la symbolique de ce rituel auquel les derviches sont initiés dès l'âge de dix ans.

Même si dimanche la dimension de transe n'était pas forcément tangible, le tableau de ces hommes humblement recueillis, portés par le chant du ney (flûte de roseau), dégageait une beauté sereine, infiniment touchante. Peut-être que parmi les spectateurs, quelques héritiers des quêtes de spiritualité orientales, très en vogue dans les années 1960 et 1970, retrouvèrent les bribes d'une jeunesse baba cool; alors que d'autres se laissèrent simplement emporter par l'esthétisme épuré d'un cérémonial dénué de toute complaisance folklorique.

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