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Marcel Junod champion de la biodiversité

Marcel Junod pratique une agriculture douce au bénéfice de la faune et de la flore mais il ne veut pas pour autant être taxé d'écolo.

14 juil. 2011, 11:03

Agriculteur à Chaumont, Marcel Junod favorise la biodiversité sur son domaine. Ce paysan ne se revendique pas pour autant  bio, ni écolo. Il est, disons-le, plutôt romantique et amoureux de la vie sous toutes ses formes. «J'adore toutes les petites fleurs. Quand on fauche et que l'on voit virevolter tous ces papillons, c'est magnifique.»

Le développement de cette nature sauvage au sein de surfaces cultivées ou pâturées n'est pas le fruit du hasard. Les paysans ont l'obligation de mettre 7% de leur domaine en surface de compensation écologique pour avoir accès aux paiements directs. Cette disposition résulte de l'Ordonnance sur la qualité écologique (OQE). Marcel Junod s'y conforme naturellement, mais va beaucoup plus loin. Trente-deux hectares de son domaine, qui en compte 153, sont ainsi traités selon les normes fixées par l'OQE, soit 20% de ses prairies et pâtures. «Ces surfaces sont peu ou pas fertilisées et fauchées plus tardivement. Il est évident que le choix doit se porter sur des zones favorables pour la faune et la flore.

La mise en place de cette agriculture douce doit se vérifier par une amélioration qualitative de la flore. Cela veut dire que sur un rayon de 3 mètres, nous devons trouver au minimum six plantes sauvages différentes», explique Philippe Jacot, de la Chambre neuchâteloise d'agriculture. Mar¬cel Junod n'a pas trop eu à forcer sa nature pour adhérer à ce concept. «Je ne connais pas l'herbicide et je coupe les chardons mécaniquement.»

Les bons buissons
L'OQE a élargi en 2008 son champ d'application aux structures paysagères, c'est-à-dire buissons, arbres isolés, arbustes à fruits, tas de pierre… Ces éléments représentent souvent des îlots de biodiversité pour la faune. Les paysans considèrent encore que les buissons et autres arbrisseaux sont mangeurs de surfaces et des nids pour la vermine. Il suffit pourtant d'en conserver quelque 2 petits pour cent pour favoriser la faune (oiseaux, lièvres ou hermines…).

Marcel Junod a consenti également cet effort, même s'il lui est difficile d'admettre parfois que les buissons d'aubépine prospèrent. «Les buissons deviennent vite un problème, il ne faut pas se laisser déborder. Les haies, il faut les tailler à tout moment sans quoi elles accrochent les rétros de nos tracteurs.» Philippe Jacot l'encourage, expliquant que l'entretien de ces espaces buissonnants évite leur dispersion.

Ecologie et rendement
L'agriculteur se dit proche de la nature et par conséquent accepte les contraintes liées à l'OQE mais dans certaines limites. «Il ne faut pas aller trop loin. Je reconnais que sans les primes, je laisserais tomber. Je serais 100% nature, mais il faut bien un rendement minimum pour pouvoir nourrir sa famille.» Marcel Junod refuse d'être assimilé à un bio ou à un écolo. «Je suis anti bio car ce n'est pas l'agriculteur qui en tire profit mais les grands magasins.»

Dix nouveaux hectares
L'argent n'est cependant pas le moteur de son adhésion à une certaine exigence écologique en agriculture. Il accepte une perte de rendement, compensée il est vrai par une amélioration qualitative de ses fourrages notamment.

Marcel Junod se déclare prêt à poursuivre l'effort dans cette direction.
Il songe même à mettre dix hectares supplémentaires de son exploitation en surfaces de compensation écologique. Un exemple à suivre.

Philipe Jacot souhaiterait évidemment que tous les agriculteurs suivent la voie de Marcel Junod. «Nous essayons de les influencer en ce sens, mais mieux vaut les laisser venir d'eux-mêmes. L'adhésion pleine et entière à ce mode d'agriculture plus respectueux de la nature est plus productive.»

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