Pour un créateur, participer au Salon du meuble de Milan, c’est un peu comme décrocher le Graal. Installé désormais à Chaumont, l’ébéniste boudrysan Romain Luppi, 29 ans, y a mis un pied cette année. Son entreprise, Atelier insolite, a participé au Salon Satellite, réservé aux moins de 35 ans.
N’y va pas qui veut. Il faut faire acte de candidature, et la sélection est sévère. De plus, l’espace attribué n’est pas gratuit. Il faut débourser 1200 euros, à quoi s’ajoutent les frais du déplacement de cinq jours (17-22 avril).
Accompagné de deux associés, le jeune créateur s’est retrouvé en vitrine aux côtés de plus d’une centaine d’autres, venus du monde entier. «Le séjour nous a été plus satisfaisant que ce que nous imaginions», résume l’artisan.
Les créations de Romain Luppi – uniquement des pièces uniques certifiées et numérotées – ont notamment tapé dans l’œil d’un professeur de design de Barcelone: «Il nous a dit qu’il prendrait notre travail en exemple.»
La caractéristique de ce travail, selon lui, c’est qu’il joue avec les émotions. La preuve par l’acte: juste avant de partir pour Milan, Romain Luppi a imaginé une chaise dont l’assise ploie sous le poids de son utilisateur. Cet effet ressort déstabilise dans un premier temps. Puis, c’est le confort qui l’emporte. Le secret? L’assise et le dossier sont formés d’une seule et même feuille repliée sur elle-même en S. Le matériau? De la fibre de lin imprégnée de résine selon un procédé que Romain Luppi a peaufiné durant plusieurs années. L’ébéniste avait aussi emporté des tables basses aux couleurs chatoyantes mariant la résine et le bois. D’autres objets sont faits de pièces de bois volontairement brisées et reconstituée grâce à cette même résine synthétique. «Ce matériau est bio-sourcé et tout le bois que j’utilise vient de la région, à moins de 50 km à vol d’oiseau.»
Original rime donc ici avec local et bio.