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Le lac de Neuchâtel a repris à lui son plus fidèle navigateur

L’un des plus irréductibles skippers s’en est allé. Aldo Fischer naviguait toute l’année. Le lac était devenu son domicile.

26 juil. 2018, 11:43
Aldo Fischer était aussi connu que son voilier, le Kilucru.

«C’était le seul voilier qu’on voyait naviguer sur le lac toute l’année…» Colette et Michel Sunier font partie des plaisanciers qui tiennent à rendre hommage à leur ami Aldo Fischer, 72 ans, que le lac a subitement repris à lui la semaine dernière.

Il faut dire qu’Aldo, c’était un sacré loup de mer. Un skipper dont le terrain de jeu se résumait au lac. Son voilier amarré à Auvernier, il écoulait inlassablement ses jours à bord du Kilucru, 12 mois par année. «Il lui est même arrivé de briser la glace du port pour naviguer», témoigne l’une de ses filles.

Aldo Fischer avait même équipé son bateau d’une éolienne. «Il préférait se mettre à l’ancre plutôt que s’amarrer dans les ports», racontent les Sunier. «Il devait donc être autonome énergétiquement.»

Signe de sa générosité, il avait proposé à son ami Popaul - devenu son petit frère de cœur- des soupers à vie le jeudi soir pour le remercier d’avoir installé l’hélice à bord de son voilier. Dont acte.

"Un artiste"

Les avis de ses voisins de ponton sont unanimes: «Aldo bricolait tout le temps, c’était un artiste, toujours jovial, le mot pour rire. Tout ceux qui côtoient le lac de près ou de loin le connaissaient».

Casquette sur la tête, foulard noué autour du cou, un «OK» cloué dans l’oreille, il en jetait, Aldo, avec son look de pirate. Il riait de sa mèche de cheveux rangée sur la droite, «la seule chose que j’aie pu mettre de côté», plaisantait ce grand comédien. Père de deux grandes filles, - «mon plus beau cadeau avec le lac» - ce corsaire bienveillant accostait volontiers le quidam, tantôt pour distiller un conseil marin, tantôt pour tailler le bout de gras. Même avec des inconnus. «Et ses discussions pouvaient durer!», se remémorent avec le sourire Colette et Michel. Un doux paradoxe, alors que l’homme aimait naviguer en solitaire et trouver refuge auprès de sa tendre compagne.

Pour les initiés, Aldo reste un marin hors normes, «qui s’amusait à entrer et sortir du port à la voile et à tirer des bords entre les pontons! Un grand gamin!», lâchent, admiratifs, les Sunier. Au large, la cuisine d’Aldo - ancien pâtissier confiseur - régalait les plaisanciers de passage. «Monte à bord! Croque un bout!», disait-il tout fou à ceux dont il avait reconnu l’embarcation. Sa tarte à l’abricot fleurait bon le bonheur. A l’image de l’homme qu’il était. 

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