Marcel Mathys, l’un des derniers grands sculpteurs suisses, est un homme humble, généreux. Un éclair de malice dans les yeux, il commente avec verve les secrets de fabrication de la fameuse saucisse Chautemps. C’est que l’artiste vit et travaille dans l’ancienne boucherie, rue des Fontenettes, à Auvernier. Un lieu qui lui va bien.
Mais quand il s’agit d’évoquer son travail, l’homme botte en touche. Ses marbres blancs et ses bronzes sensuels, jamais totalement achevés, à mi-chemin entre le monde visible et invisible, se contemplent en silence. Surtout, éviter les références à ses quêtes mythologiques, omniprésentes pourtant dans ses cheminements artistiques. «J’en ai marre qu’on parle de cela», dit-il doucement. Dans la bouche de ce taiseux, «né solitaire et sédentaire», l’injonction résonne singulièrement.
Trente ans après
A presque 87 ans, l’artiste d’Auvernier s’est résigné, nul n’est prophète en son pays. Bien sûr, il expose fréquemment ses œuvres à la galerie Ditesheim...