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La violence des jeunes footballeurs vue par un psy

09 oct. 2008, 10:03

Il y a une semaine, un père saisit au col un footballeur junior du FC Bas-Lac Marin après que ce dernier a traité son fils de «Dumbo l'éléphant» sur le terrain. L'affaire dégénère. Il est passé à tabac par des coéquipiers du jeune qu'il vient de réprimander. Les coups de pied dans le ventre et au visage lui valent des douleurs à la tête et à l'abdomen. Emmené en ambulance à l'hôpital, il en ressortira le lendemain matin avec le nez cassé.

Explications des «agresseurs», hier, dans nos colonnes: «Il faut quand même être plus intelligent, à 49 ans, qu'une bande d'adolescents!»

Cette justification ne surprend pas Christian Perler, médecin responsable du Service de psychiatrie pour enfants et adolescents du Nord vaudois. «Elle s'inscrit dans la droite ligne de la logique de l'irresponsabilité. Les jeunes ont tendance à penser, aujourd'hui, que n'étant que des ados, ils ne sont pas responsables. Que c'est aux adultes de l'être à leur place!»

L'ado traité de «Dumbo» jouait dans le FC Bevaix ce mercredi soir-là. Et l'équipe perdait 5 à 0. «On peut très bien imaginer, du coup, qu'au moment où le papa a émis des remontrances contre celui qui s'était permis de se moquer de son fils, il était quelque peu énervé par ce mauvais résultat. D'où peut-être une manière un peu plus véhémente de dire les choses!» Christian Perler d'ajouter: «La règle sociale veut que le vainqueur n'humilie pas le vaincu. Sans doute, pour ce motif, ce papa s'attendait-il à ce que le jeune réprimandé, qui appartenait au camp victorieux, ait la décence d'être au-dessus de sa remontrance.»

Mais comment des jeunes de 15 ans peuvent-ils s'en prendre à un adulte de manière aussi violente et trouver cela normal? Un coup de pied mal placé aurait pu tuer le père à terre! «Ce qui ressort très fortement chez ce genre de jeunes, c'est la notion de respect. Ils ne supportent pas d'être humiliés face à leurs semblables. Et c'est ce que le père a fait, malheureusement, à leurs yeux! Ce qui était intolérable! Car, ils vivent essentiellement à travers le regard de l'autre.»

Puis Christian Perler remarque: «Les jeunes pris dans cette altercation semblent avoir des origines méditerranéennes et même pour certains venir d'encore plus loin. Ce sont souvent des gens dont les parents, venus en Suisse, ont souffert de dénigrement. Le sport devient alors une forme de réhabilitation de la communauté à laquelle ils appartiennent. Dommage que la performance et le succès à tout prix l'aient emporté sur le fair-play!» La violence est souvent aussi un court-circuit du langage: «Mis en échec lors de l'utilisation des mots, on ne réussit pas à s'exprimer. Alors, le seul arsenal qui reste est la violence.» /sfr

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