Votre publicité ici avec IMPACT_medias

L'escroquerie au photocopieur

30 juin 2011, 09:23

«Mais ça se passe tout le temps comme ça chez les vendeurs de photocopieurs?» Sidérée par les imprécisions des deux accusés, la présidente du Tribunal de police de Neuchâtel Geneviève Calpini-Calame n'a pu contenir sa question. La magistrate avait la difficile tâche de juger hier deux hommes accusés d'escroquerie, d'abus de confiance, gestion fautive, d'avantages accordés à certains créanciers et de faux dans les titres.

Serge* et Bruno* sont chefs d'entreprises. Ils ont tous deux besoin d'argent et connaissent bien le commerce de photocopieurs. En décembre 2006, ils réalisent un montage qui leur permet de toucher une somme importante sans même livrer le moindre appareil. Des faits que les prévenus ne nient pas.

D'autre part, Serge répond en 2007 à un appel d'offre de la Ville du Locle. La commune souhaitait modifier son contrat de location de photocopieurs. Serge prétend résilier le contrat entre Le Locle et une entreprise de leasing et en souscrit un avec une autre société. La nouvelle entreprise doit racheter le matériel du Locle. Il est la propriété de la première société qui le loue avec option d'achat à la commune. L'argent devait donc transiter d'un organisme de leasing à un autre via la société de Serge. Mais celui-ci, criblé de dettes, s'en serait servi pour rembourser d'autres créanciers.

Ce qui a irrité la juge comme les avocats des trois plaignants - les deux organismes de crédits et la Ville du Locle - ce sont les nombreuses imprécisions tant dans les contrats que dans les déclarations des accusés. «On est en plein désert», a commenté Geneviève Calpini-Calame à lecture d'un contrat.

Le procureur Yanis Callandret a requis une peine privative de liberté de 18 mois avec deux ans de sursis à l'encontre de Serge. Plus une amende de 1500 francs à titre additionnel pour sanctionner le dessein de lucre. Il demande par ailleurs une peine de 240 jours-amende à 60 francs avec sursis à l'encontre de Bruno. Compte tenu de la complexité et de la confusion du dossier la présidente a ironisé: «Vous imaginerez bien que je ne rendrai pas mon jugement aujourd'hui.» La date a été fixée au 12 juillet. / gve

*Prénoms d'emprunt

Votre publicité ici avec IMPACT_medias