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Incompris, l'abbé jette l'éponge

23 juil. 2011, 07:14

Parce qu'il n'avait pas le charisme d'un vrai chef spirituel, selon le président du Conseil paroissial Paul Friedli, le petit prêtre des pauvres et de ceux qui ont besoin d'aide, Jean-Louis Rais a démissionné deux ans avant la fin de son contrat. «Il se sentait empêché d'exercer pleinement son ministère par des ingérences répétées», explique le président du Conseil pastoral René Michaud. De son côté, l'abbé concerné dégage en touche.

Faire revenir les brebis au bercail paroissial

Ne voulant s'exprimer directement au journaliste, il lui a écrit un message expliquant qu'il a chargé René Michaud d'être son porte-parole. Tous trois ont déclaré qu'il ne fallait pas souffler sur les braises qui couvent encore sous la cendre. Confiance en l'avenir devient alors un maître mot. En clair, il s'agit de faire revenir au bercail les brebis qui s'en allaient paître aux pâturages célestes du Landeron, paroisse voisine.

Ouvrier devenu prêtre sur le tard, l'abbé Jean-Louis Rais est animé par une authentique vocation et ne veut rien savoir des conditions bassement matérielles des nantis qui gèrent la paroisse. Il souffrirait d'un manque de reconnaissance selon son Conseil pastoral qui l'appuie. «Effectivement l'abbé ne se plaisait pas dans cette paroisse. Aujourd'hui qu'il a démissionné, il se sentira beaucoup mieux à Develier où il officiera comme auxiliaire dans les paroisse de la vallée de Delémont et à l'aumônerie de la santé», explique le Délégué épiscopal Jean-Jacques Theurillat en précisant qu'il n'a en aucun cas été poussé à la démission.

Arrivé le 1er août 2007 pour une durée allant jusqu'au 31 décembre 2013, il a succédé à l'abbé Claude Schaller, personne très organisée et qui résolvait les menus problèmes en un tour de cuiller à pot. «L'abbé Rais a dû se rendre à l'évidence qu'un véritable accueil faisait défaut, en particulier des autorités paroissiales», écrit le président du Conseil pastoral René Michaud dans une lettre ouverte. De son côté Paul Friedli explique que ce dernier se serait montré dénué de tout dirigisme. Une grande timidité le rangeait du côté des têtes de bock, ou des mystiques. «On avait beau lui dire de prendre son bâton de pèlerin, qu'on a besoin de quelqu'un qui nous guide, il se laissait mener par le bout du nez par ceux qui étaient partisans de ses états d'âme, et mettait les gens sous pression», regrette le conseiller administratif qui, effectivement a voulu, à un moment donné lui imposer un(e) secrétaire pour l'aider dans l'organisation de ses affaires.

Un saint homme face aux Pharisiens

«Avec l'arrivée de l'abbé Rais dans notre paroisse, nous avons bénéficié d'une manière de vivre notre foi vivante dynamisante et surtout spirituellement profonde et humaine. Ce changement n'a pas été bien compris de tous. Il a suscité de nombreuses critiques, un manque de respect et des attaques directes envers la personne même du prêtre», s'indigne le porte-parole de celui-ci dans sa missive intitulée «Un départ regretté et regrettable». L'article évoque aussi la question d'ingérence de l'administratif dans l'équipe pastorale d'évangélisation qui a fait l'objet d'une dénonciation à la préfecture du Jura bernois qui, dans sa prise de position officielle du 28 juin dernier, dit en substance que «dans le cas de votre paroisse, une bonne entente semble passer par le respect des attributions et de l'indépendance de chacun». Le conseiller paroissial confirme que chacun a été renvoyé à ses attributions respectives. Il confirme aussi que l'abbé houspillait ses ouailles en chaire. Quand le Conseil pénétrait dans l'église, l'abbé s'exclamait: «Voici les Pharisiens qui arrivent!» Bref, ces jours-là, le ciel se chargeait. La sacristaine a même démissionné et quitté la maison dans laquelle vivait aussi l'abbé qui, de son côté, soulageait la pauvreté et la souffrance, ainsi que les personnes en fin de vie.

Quelque 80 personnes de ses apôtres sur 1500 paroissiens ont adressé une lettre cette année aux autorités ecclésiastiques supérieures pour leur signaler leur crainte de voir leur saint homme démissionner. Ce qu'il a fait en fin de compte. Raison de plus pour ne pas le réformer.

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