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Il se perd entre ses multiples sociétés

16 mars 2011, 04:15

«Monsieur, est-ce que vous comprenez ce que vous faites? Vous savez qui vous êtes à force de créer des sociétés? Vous ne pensez pas qu'il y a une certaine schizophrénie...», a lancé hier matin la présidente du Tribunal de Neuchâtel Geneviève Calpini Calame à un sexagénaire prévenu de faillite frauduleuse, diminution de l'actif au préjudice de créanciers et gestion fautive, entre autres infractions.

«Je sais qui je suis!», a réagi le commerçant, propriétaire d'immeubles sur le Littoral et patron de petites entreprises plus ou moins actives. «On a créé cette société pour acheter et vendre des immeubles.» En 2004, cette nouvelle raison sociale a vécu... moins d'un mois. La faillite se soldant par une ardoise de quelque 150 000 francs, en partie épongée depuis.

Cité comme témoin, son expert comptable n'a pas pu expliquer pourquoi le prévenu multipliait les sociétés: «J'ai donné un conseil pour une société immobilière», a-t-il admis. La juge d'insister: «Pourquoi créer une nouvelle société qui fait la même chose que l'ancienne?» Réponse du comptable: «Il voulait se démarquer...» Un employé s'est aussi exprimé: «Il y avait un certain désordre, avec des papiers un peu partout. Il fallait faire des écritures compensatoires car les deux sociétés fonctionnaient en parallèle. Je ne me suis pas trop posé de questions...»

Le troisième témoin, comptable retraité, est apparu très mal à l'aise face aux questions de la juge. «Ne vous stressez pas, vous vous faites du mal inutilement!», s'est exclamée la magistrate. «Vous avez un problème de conscience? Je pense que vos principes de comptable ont été violés...» L'ex-employé a finalement admis avoir «passé des ordres après la faillite. J'ai exécuté ce qu'on me disait de faire!»

Etrangement, une fois la faillite prononcée, l'Office des poursuites n'était pas intervenu pour effectuer un inventaire.

Pour l'avocat du commerçant, «personne n'a eu l'intention de tromper qui que ce soit! S'il avait voulu léser les créanciers, il n'aurait pas engagé de l'argent pour créer une nouvelle société. Il est impossible qu'il ait imaginé un tel montage. Il n'en avait pas les moyens intellectuels...» Le mandataire a demandé l'acquittement et une indemnisation pour les frais de défense (12 000 francs). Le Ministère public requiert de son côté dix mois de prison avec sursis pendant trois ans. La juge prononcera son verdict le 19 avril. /bwe

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