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Eugénie Rebetez en toute intimité avant son spectacle à Neuchâtel

A l'occasion de la Journée internationale de la femme, "Arcinfo" rend hommage à trois artistes audacieuses, des femmes libres dans leur corps et leur tête. Parmi les trois spectacles à découvrir à Neuchâtel les 8, 10 et 11 mars, celui de la danseuse Eugénie Rebetez.

07 mars 2018, 15:20
Eugénie Rebetez en toute intimité.

Femmes et artistes, elles sont drôles, impertinentes, charmeuses. Bouleversantes. Pour la Journée de la femme 2018, le 8 mars, Arcinfo met en lumière trois artistes qui s’exposent et s’assument dans leur singularité, trois femmes affranchies des diktats, à la fois fortes et fragiles. A commencer par la comète Eugénie Rebetez.

Comme à la maison avec Eugénie Rebetez

"Bienvenue" dans l'intérieur d'Eugénie Rebetez. Photo: Augustin Rebetez

Danseuse clownesque et chorégraphe, malicieuse et sensuelle, la Jurassienne, jeune maman d’un petit garçon, revient les 10 et 11 mars au théâtre du Concert, à Neuchâtel, avec un troisième solo, «Bienvenue». Bienvenue dans son corps, son «corps-maison», est une métaphore pleine de drôlerie et de poésie sur «notre monde intérieur et extérieur, les rêves et la réalité». Et elle rêve beaucoup, tout en passant l’aspirateur en socolis bleus et tablier de ménagère. 

Eugénie Rebetez, dans ce spectacle, vous allez vraiment très loin dans l’intime. Cette mise en abîme de votre corps demande du courage, même pour une artiste?

Tout mon travail de création implique un investissement très personnel sur scène. Il y a une sorte de vérité dans l’intimité. Jouer des personnages tout en étant moi-même sur scène, sans masque, c’est ce qui m’intéresse, mais c’est parfois très inconfortable.

Surtout après une maternité. C’était difficile de remonter sur scène?

Oui, mais c’était indispensable! Durant la grossesse, mon corps était devenu une maison pour quelqu’un d’autre. Puis l’arrivée de l’enfant a tout chamboulé dans mon existence. C’est une expérience extrême, très physique, très émotionnelle, un peu comme la scène. Ça m’a pris du temps pour retrouver la confiance, la force et la légèreté de créer mais aussi mes sensations. Finalement, mon vécu a aussi nourri la création. Je savais déjà que je voulais travailler à partir de l’idée du corps-maison et c’est Martin Zimmermann (réd: son compagnon à la ville comme à la scène, auteur de la mise en scène) qui m’a aidée à mettre en spectacle cette idée.

Si vous étiez un homme, quel genre de spectacles feriez-vous?

Je me sens très femme. La question est plutôt de se dire: si je n’accepte pas qui je suis, qu’est-ce que je peux faire de ma vie? On est petit, accepter qui on est, c’est faire preuve d’imagination et d’esprit d’ouverture. C’est plutôt cela l’enjeu, l’enjeu de toute une vie.

Vous avez toujours été cette femme incroyablement libre dans votre corps et votre tête?

Je ne me sens pas totalement libre dans mon corps mais quand je vois chez d’autres la liberté, qu’elle soit intellectuelle, physique, politique, ça me donne tellement d’espoir, tellement de force, que j’ai envie de transmettre à mon tour ce sentiment.

A une adolescente complexée par son physique, que lui diriez-vous?

Difficile à dire. Ce qui m’a aidée, c’est de faire quelque chose de mon corps (réd: à l’âge de 15 ans, elle est partie à Bruxelles suivre une formation de danseuse).   Ça m’a fait du bien de sentir mon corps plutôt que de le cacher. Les complexes sont venus plus tard.

Vos spectacles, ce sont des manifestes féministes?

Ce serait super si c’était le cas. Dans notre société, ce n’est pas toujours évident d’être une femme, de pouvoir dire ce qu’on pense et travailler comme on l’entend. J’ai cette chance. Mais quand je crée un spectacle, je ne pense pas à la façon dont il sera reçu. Par contre, c’est important pour moi d’être sur scène, surtout dans le registre de l’humour qui est dominé par les hommes. Mais je m’adresse à tout le monde, comme le féminisme concerne tout le monde, hommes et femmes.

Que pensez-vous du slogan de cette Journée de la femme 2018: «Féministe tant qu’il le faudra!»

C’est presque comme un slogan politique avec un but à atteindre. Pour moi, être féministe, c’est être humaniste. Dans ce sens, c’est tout le temps important d’être féministe, c’est un état d’esprit.

Une figure féminine qui vous inspire?
Ma mère, par son courage, sa force, sa joie de vivre. Et l’écrivaine Yvette Z’Graggen, une artiste importante, qui a laissé une trace précieuse dans le paysage littéraire suisse. Ça donne du courage dans un pays qui ne met pas forcément l’art au centre de ses valeurs.

Une artiste à laquelle vous vous identifiez?

Je peux m’identifier à plein de manières d’être femme mais au final, je dois trouver mon chemin, ma singularité.

Et Zouc, à laquelle on vous compare souvent?

C’est une très grande artiste, je suis flattée qu’on fasse le lien. Mais nous sommes très différentes. Là où je peux m’identifier à elle, c’est dans son mélange de gravité et de légèreté.

Infos pratiques

Neuchâtal, Théâtre du Concert, le 10 mars à 20h, le 11 à 17 heures Saison Hiver de danses, rés. 079 643 95 32 ou info@danse-neuchatel.ch

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