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Enquête à Saint-Jean après l'évasion

Le détenu qui s'est échappé fin août du centre de détention de Saint-Jean, près du Landeron, et qui a violé une fillette près de La Neuveville, a agi de sang-froid. Une enquête est en cours pour déterminer les responsabilités.

31 oct. 2009, 07:39

Alors qu'il était occupé à des travaux à l'extérieur, le détenu a quitté fin août l'établissement pénitentiaire de Saint-Jean, a traversé le canal de la Thielle à la nage et a violé une jeune fille qui se trouvait sur une plage près de La Neuveville.

Une fois son forfait accompli, l'homme est revenu à Saint-Jean, si bien que ses agissements ont d'abord passé inaperçus. Hans-Jürg Käser, directeur de la police bernoise, précise que l'individu a été démasqué à la suite de la plainte déposée par la victime, qui a pu donner une description précise de son agresseur. Cette année, cinq détenus se sont déjà fait la belle à Saint-Jean, mais ils n'étaient pas considérés comme dangereux.

Hans-Jürg Käser a ouvert une enquête qui doit montrer «quelles négligences ont pu conduire à de tels événements». Les autorités doivent maintenant se défendre d'avoir voulu étouffer l'affaire, car les faits n'ont été rendus publics que plusieurs semaines après leur déroulement. La question du degré de dangerosité des criminels détenus dans les établissements de Saint-Jean mérite aujourd'hui d'être posée. On se souvient en effet des cas dramatiques de Pascale Brumann, assassinée en 1993, et de Lucie, jeune fille au pair tuée ce printemps. Toutes deux ont été victimes de détenus en congé, tous considérés comme non dangereux.

Hans-Jürg Käser se défend énergiquement d'avoir voulu étouffer cette affaire. «Ce n'est pas mon genre, je suis pour la transparence», déclare-t-il. La vérité, c'est que l'affaire se trouve sur le bureau du juge d'instruction Pascal Fischer qui en a la responsabilité.

Du côté du juge, on préfère garder le silence, arguant que trop d'information pourrait nuire aux intérêts de la victime. Le 14 septembre, le directeur de la police avait pourtant adressé au juge une lettre dans laquelle il le priait de rendre l'affaire publique. Hans-Jürg Käser estime que les prescriptions de sécurité en vigueur sont suffisantes. Mais ce nouveau cas démontre que de nouvelles mesures devront peut-être être prises. Thomas Ingold, directeur adjoint des établissements de Saint-Jean, reconnaît qu'au vu du nombre de dysfonctionnements dans le passé, il y a eu des erreurs d'appréciation. Les psychiatres ont diagnostiqué chez tous les détenus de Saint-Jean des troubles psychiques que l'on peut soigner. «Sur la base des dossiers qu'ils nous remettent, nous pouvons déterminer le degré de dangerosité de chacun et décider si tel ou tel détenu peut faire l'objet d'une détention en milieu ouvert», précise Thomas Ingold. Par exemple, un délinquant sexuel est en général plus dangereux qu'un pédophile. «En effet, les pédophiles essaient d'abord d'avoir une relation avec leur victime, avant d'abuser d'elle», poursuit Thomas Ingold. «C'est pourquoi on part du principe que les pédophiles ne mettront personne en danger durant leur congé.» Le directeur de Saint-Jean précise que les détenus dont le degré de dangerosité a été jugé élevé par les psychiatres ne reçoivent aucun congé et ne participent à aucun travail où ils seraient livrés à eux-mêmes. Mais, en dépit du professionnalisme des spécialistes, nul n'est à l'abri d'une erreur d'appréciation. /BJG-IRL-MGA

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