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En prison pour un excès de vitesse?

Flashé à 155 km/h sur une route limitée à 80, un Neuchâtelois de 22 ans pourrait être le premier chauffard en Suisse à être envoyé derrière les barreaux pour avoir roulé trop vite.

03 sept. 2014, 00:01
C'est en se rendant au Carnavallon de Fleurier avec des amis que le jeune homme avait été flashé à 155
km/heure. 
RICHARD LEUENBERGER

Kevin* pourrait avoir le triste honneur de devenir la première personne en Suisse condamnée à une peine de prison ferme pour un excès de vitesse. Avec un dépassement de 68 km/h sur une route limitée à 80, le Neuchâtelois de 22 ans, qui comparaissait hier devant le Tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers, entre dans la catégorie "chauffard", selon les nouvelles mesures de Via Sicura (lire ci-dessous).

Les faits reprochés à Kevin remontent au 12 avril dernier peu après 21 heures, alors que le jeune homme se rend au Carnavallon, à Fleurier, en compagnie de trois amis. Sur le long bout droit à la hauteur de Noiraigue, le prévenu, au volant de la puissante Seat Leone de ses parents, entreprend de dépasser un 4X4. Selon lui, le conducteur de l'autre véhicule aurait alors accéléré. Kevin appuie fort sur l'accélérateur. Lorsque le flash du radar se déclenche, il roule à 155 km/heure.

 

Pas consommé d'alcool

 

"Je ne faisais pas la course" , a assuré en audience ce passionné de tuning. "J'ai pris la mauvaise décision, j'aurais dû me remettre derrière l'autre voiture." Mais même après déduction de 7 km/h en raison de la marge d'erreur, et même si Kevin n'avait pas consommé d'alcool, l'excès de vitesse reste très grave aux yeux de la loi.

D'autant que Kevin a déjà de solides antécédents en la matière. Il avait été pris en excès de vitesse à trois reprises (deux léger, un grave), ce qui lui avait valu un retrait de permis de trois mois, puis une annulation de son bleu. Il avait pu le repasser une année plus tard, après avoir subi une expertise psychologique. Lorsqu'il est flashé à 155 km/h, il avait récupéré son permis depuis un mois.

"On a l'impression que le prévenu n'a tiré strictement aucune leçon ", a estimé le procureur Nicolas Aubert. Pour lui, pas de doute possible: "La loi ne permet plus de sursis." En effet, Kevin a déjà écopé d'une condamnation de sept mois de prison avec sursis en 2010, pour des faits sans lien avec la circulation routière.

Seul espoir pour le prévenu d'échapper à la prison: qu'il lui soit reconnu des circonstances "particulièrement favorables". "Or selon la jurisprudence du Tribunal fédéral, la situation professionnelle stable du prévenu ne suffit pas" , a affirmé Nicolas Aubert. Il a requis contre Kevin quinze mois de prison ferme.

 

Dix ans de retrait de permis

 

Un avis évidemment pas partagé par l'avocate du prévenu. "Les faits de 2010 n'ont rien à voir" , a lancé Céline Vara. "Nous ne sommes pas en face d'un cinglé du volant, ce n'est pas un fou de la route" , a-t-elle soutenu. Pour elle, il ne faut surtout pas mettre Kevin en prison: "Il va perdre son emploi, se désocialiser et coûter cher à la société." L'avocate a aussi exclu la récidive, puisque Kevin risque au minimum dix ans de retrait. "Or plus de permis, plus d'excès de vitesse." Elle a demandé pour son client une peine pécuniaire ou, au pire, un an de prison avec sursis.

Kevin sera fixé sur son sort mardi prochain.

*Prénom fictif

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