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Des films encore jamais vus au Neuchâtel Super 8 Film Festival

Plus d’une vingtaine de courts-métrages de 3 minutes 20 réalisés en «tourné-monté» seront en lice samedi lors de la troisième édition du Neuchâtel Super 8 Festival.

29 oct. 2019, 18:26
Une image tirée du court-métrage «∞ème étage», du Neuchâtelois Etienne Piergiovanni, présenté lors de l’édition du Neuchâtel Super 8 Film Festival de 2017.

Ce n’est pas souvent qu’à Neuchâtel, les cinéphiles ont l’occasion d’assister à… vingt-huit avant-premières internationales. Et pourtant, ce sera bien le cas ce samedi, à la Cité universitaire. «Ce sera presque une performance live», sourit Michel Chappuis. «Personne n’aura vu ces films, même pas leurs auteurs.»

Car c’est la règle d’or du Neuchâtel Super 8 Film Festival que le Neuchâtelois co-organise: n’importe qui peut présenter un film, mais les court-métrages doivent être réalisés d’après la technique dite du tourné-monté. Interdit, donc, de toucher à la pellicule et de faire une quelconque opération de montage après avoir filmé, ni de le développer. 

France, Canada, Espagne…

Un défi de taille, qui n’a pas empêché les cinéastes amateurs ou pros de s’inscrire à la première édition, organisée en 2015 pour les 50 ans du format Super 8. Lors de la deuxième, en 2017, 19 films d’une durée de 3 minutes et 20 secondes, pellicule Super 8 oblige, étaient en lice pour gagner le prix du jury ou du public.

Et cette année, le nombre d’inscriptions a encore bondi, pour le plus grand plaisir des organisateurs. «On verra des films qui viennent du Canada, d’Espagne, de France. C’est aussi le résultat du réseautage qu’on fait durant toute l’année en se rendant à d’autres festivals, comme le ‘Straight8’ à Londres», estime Michel Chappuis. Et bien sûr, la liste des participants est complétée par des vidéastes de la région. 

Si le festival ne fournit pas la caméra, il s’occupe par contre de la pellicule Super 8 de 15 m, du développement du film – qui se fait à Berlin –, et de la copie digitale remise aux participants. Ne reste à ces derniers qu’à réaliser leur chef d’œuvre, ce qui n’est pas une mince affaire. 

Pensé à l’avance

«Le tourné-monté se base sur la démarche inverse de ce qui est fait dans le cinéma aujourd’hui, où les possibilités de montage sont infinies. Là, tout doit être construit en amont, le film entier doit être pensé à l’avance.» 

Comme il est impossible pour les vidéastes de revenir en arrière, d’effacer ou de visionner leur production, tout doit être millimétré, tourné dans l’ordre chronologique et sans bavures. Un plan raté, et c’est la catastrophe. «Avec le tourné-monté, quand on a fini de filmer, c’est terminé. Tout doit donc partir d’un scénario dont on est déjà content, puisqu’on ne peut pas le modifier ensuite. Et je pense que c’est ce challenge qui plaît aux gens.»

Le tourné-monté se base sur la démarche inverse de ce qui est fait dans le cinéma aujourd’hui, où les possibilités de montage sont infinies.
Michel Chappuis, co-organisateur du Neuchâtel Super 8 Film Festival

Le Neuchâtel Super 8 Film Festival attire une faune très diversifiée, pas forcément habituée au format Super 8, et encore moins au tourné-monté. «Certains participants travaillent dans le domaine de l’image, mais jusqu’ici, ils n’ont jamais gagné le prix du jury…», note avec malice Michel Chappuis. Documentaires, fictions, animations, aucun genre n’est épargné puisque aucun thème n’est imposé. 

Trouver le bon rythme

Mais comme personne n’a vu les courts-métrages à l’avance, comment savoir si la soirée de projection penchera du côté du top ou du flop? «On se demande souvent ce qui arriverait si on recevait 30 navets…» glisse le Neuchâtelois, qui précise que les organisateurs ne font aucune sélection. «Le tourné-monté, c’est à la fois tout simple et très compliqué. Il y a deux ou trois petites choses à maîtriser, comme la netteté et la lumière, et surtout le temps, puisqu’on ne peut pas filmer plus de 3 minutes 20. Le plus difficile, c’est de faire du montage sans montage, d’arriver à trouver le bon rythme sans avoir de sauts d’un plan à l’autre. Ce qu’on recherche, c’est un déroulé lisse.» 

Pour certains, la tâche est rude, comme en ont témoigné les rires bon enfant qui s’échappaient du public lors des deux premières éditions, parfois des réalisateurs eux-mêmes, qui découvrent leur œuvre en direct. Plans mal cadrés, images floues ou trop lumineuses, rendus peu clairs…

L’exercice n’est pas réussi pour tout le monde. Mais pour Michel Chappuis, là n’est pas l’essentiel: «Oui, il y a deux ou trois défis techniques, mais je suis persuadé qu’on peut arriver très loin avec une bonne idée. Une bonne idée, ça peut sauver un film raté techniquement.» A vérifier samedi à la Cité universitaire.

Infos pratiques

A la Cité universitaire de Neuchâtel, (avenue de Clos-Brochet 10). Soirée d’ouverture «Impro-projo» le vendredi 1er novembre à 20h30. Projection des films tournés-montés le samedi 2 novembre à 19h. L’entrée est libre les deux soirs. Programme complet de la soirée de samedi sur www.ens8ff.ch 

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