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Des écoliers témoignent pour la postérité au Laténium

Le musée du Laténium, à Neuchâtel, a scellé hier une capsule temporelle contenant les témoignages de 300 enfants à destination des archéologues du futur. Elle sera ouverte dans cent ans, le 1er juin 2117.

30 mai 2017, 20:19
La capsule temporelle sera conservée dans la partie inventaire du Laténium.

La boîte est en carton gris bleuté, prête à être scellée d’un cachet de cire figurant le sceau du musée du Laténium. Sauf que ce n’est pas une boîte, c’est une capsule temporelle. La prochaine fois qu’elle sera ouverte, ce sera le 1er juin 2117.

Devant la table, une marée d’enfants s’agite et chuchote. Ils étaient 80 écoliers, entre neuf et onze ans, réunit hier après-midi dans l’une des salles du Laténium, à Neuchâtel. Ce sont leurs témoignages couchés sur le papier qui emplissent la capsule. En tout, 300 enfants ont participé.

Le projet, lancé l’année dernière, est mené par Shana Morici, enseignante au collège primaire des Tertres de Marin, et par Marc-Antoine Kaeser, directeur du Laténium. Ce dernier explique: "L’idée était que, dans cent ans, nos successeurs ouvrent cette capsule et découvrent ces témoignages du passé".

Dans ces écrits confidentiels, les enfants se présentent, racontent leur quotidien et leur préoccupation. "Il y avait une structure qu’ils devaient suivre, mais sinon, ils étaient complètement libres. Ils se sont demandé quels éléments de leurs vies étaient importants à transmettre", indique Shana Morici.

Famille, chaton et attentats

Stella a neuf ans et une jolie robe rayée. Dans son témoignage, elle a raconté qu’elle avait une petite sœur, qu’elle est née à Madagascar et qu’elle allait bientôt avoir un petit chat. Elle a aussi écrit que "la Suisse est un pays riche, et j’ai mis plein de dollars derrière". Eveline, neuf ans et une casquette rose vissée sur la tête, a aussi parlé d’actualité dans son témoignage. "J’ai dit qu’il y avait la guerre, partout dans le monde, mais pas ici".

Shana Morici précise que la période où les jeunes ont écrit correspond à celle où Trump a été élu: ils ont donc été nombreux à faire référence au président américain. "Ils sont à un âge où ils sont confrontés à un flot d’informations. Dans les propos de certains, on reconnaît des phrases qui sont celles de leurs proches, de leurs parents".

 

 

Dans la classe de Shana Morici, tous, sans exception, ont évoqué les attentats ou la guerre, "mais ils ont presque tous précisé que la Suisse était épargnée. Ces actes terroristes ont marqué un tournant en Europe, et ces témoignages en sont le reflet. Dans l’avenir, tout cela sera source d’analyse".

Un intérêt archéologique et pédagogique

Marc-Antoine Kaeser souligne que la démarche n’a rien d’anecdotique. Avec ces trois cents témoignages, l’échantillonage est assez large pour donner matière à interprétation. "On voulait que cela ait du sens au niveau historique", ajoute le directeur du Laténium. "Aujourd’hui, les enfants prennent une grande place dans notre société, mais la trace de leur voix n’est pas conservée".


Un intérêt archéologique, mais aussi pédagogique, car "en essayant de se projeter dans le futur, ils doivent déjà percevoir le présent et le passé". Une fois la capsule scellée, les gosses se ruent dehors en riant: le goûter, c'est pour tout de suite. /Lola Le Testu

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