Depuis quelques années, les riverains du lac à La Neuveville savent qu'une famille de castors hante les plages. Il y a peu à Saint-Joux, ces rongeurs actifs le soir et la nuit ont joué aux bûcherons du crépuscule!
Le castor avait disparu de Suisse au début du 19e siècle, chassé pour sa fourrure, son castoréum, sécrétion grasse et odorante marquant son territoire, et sa viande, tolérée pendant le carême parce que l'animal était assimilé à un poisson grâce à sa célèbre queue écailleuse. Avec un poids dépassant souvent les 30 kg, la prise était bonne! A partir des rares populations européennes résiduelles, des réintroductions ont été opérées, en Suisse aussi. A Berne, lors d'une inondation, des castors se sont échappés du Tierpark et l'on présume qu'ils sont à l'origine des populations actuelles de l'Aar en amont du barrage du Wohlensee. D'autres ont été installés de main d'homme, entre autres au bord du Léman et du lac de Neuchâtel. Pro Natura a lancé en 2007 une campagne de 10 ans destinée à favoriser la réimplantation du castor, en privilégiant la propagation naturelle par la sauvegarde ou l'amélioration de milieux de vie favorables. Les résultats dépassent les espérances, à tel point que le castor n'est plus considéré comme une espèce menacée. Et les castors de La Neuveville sont là pour l'attester.
En hiver, les castors se délectent d'écorces, celles de saules de préférence. A l'est de Saint-Joux au bord d'un parking à bateaux, ils en ont gaiement abattu plusieurs troncs, le plus gros frisant les 40 cm de diamètre! Les forestiers sont-ils inquiets pour autant? Nicolas Bessire, ingénieur forestier régional se veut rassurant: «Les castors vivent au bord de l'eau, rivières ou lacs, où les forêts ont surtout un rôle de protection, de stabilisation des rives. Les atteintes des castors ne détériorent pas cette fonction et les dégâts restent cantonnés au bord de l'eau». Il ajoute que les dégâts qu'ils causent sont légers en regard de leur apport à la richesse de la faune. /bsc