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Dernier hommage des habitants de Lignières à leur office postal

Les habitants du village de Lignières sont venus nombreux, samedi, rendre un dernier hommage à leur office postal, enlevé à leur affection ce 13 octobre 2018.

14 oct. 2018, 15:30
En lieu et place d’une oraison funèbre, les habitants de Lignières ont pris le deuil de leur Poste autour d’un apéro convivial.

Ce fut une cérémonie funèbre digne et conviviale à l’image de la chère disparue. Samedi matin, la population de Lignières était invitée à un dernier hommage devant les appartements de la défunte, rappelée par l’ex-régie fédérale à l’approche de sa 90e année… voire bien davantage, tant l’enseigne jaune semble le pivot de la vie locale depuis toujours.

«Marquer le coup»

«Munie des sacrements de reconnaissance de ses habitants, notre Poste ira rejoindre le rebut des lettres oubliées dans le caveau de la fosse commune», annonçait en guise d’homélie le faire-part envoyé par Georges Jaccard, initiateur de ces funérailles «toutes simples».

«Je trouvais important de marquer le coup», déclarait, samedi, le préposé aux pompes funèbres d’un jour, jamais à court d’idées pour faire vivre son village. «On sait bien que les habitudes des usagers ont changé et que les prestations postales continueront d’être plus ou moins assurées à domicile, mais ça ne remplace pas le rôle social d’un bureau de poste. Pour la vie du village, particulièrement pour les personnes âgées, c’est un coup dur.»

A qui le tour?

Dès ce lundi 15 octobre, l’office postal du Landeron reprend le relais, l’offre étant complétée par un service à domicile cinq fois par semaine comme dans 1300 autres localités du pays.
Cette fermeture cristallise une inquiétude générale. Le magasin d’alimentation a fermé récemment, ainsi que l’hôtel-restaurant de la Poste. Village verdoyant d’un millier d’âmes, situé à l’extrémité ouest du plateau de Diesse sur la route de Chasseral, Lignières rencontre les problèmes de nombreuses localités périphériques.

«Nos fossoyeurs»

Il reste encore un café, la laiterie et la boucherie, qui fait office de dépôt de pain. «Mais pendant les vacances, la boucherie ferme… Le trajet en car jusqu’au Landeron, ça fait cher le kilo de pain», maugréait une habitante «écœurée». Tout aussi remonté, Claude-Alain Bonjour, entrepreneur de la place, ne décolérait pas: «Les cars postaux font d’énormes déficits et on fait payer les petits. Même si les deux problématiques ne sont pas directement liées, on se demande pourquoi les fossoyeurs de notre poste ne sont pas ici aujourd’hui?», interrogeait-il, regrettant au passage «la passivité et l’absence» de l’exécutif local.

«Une cité-dortoir»

Paradoxalement, le secteur immobilier marche bien. «Ça se construit. Mais sans les petits commerces, le village va mourir», s’inquiète Sandra Stoppa,. «Lignières va devenir une cité-dortoir», renchérit Sylviane. Cette ancienne employée postale ose le dire maintenant: «Cette fermeture, c’est honteux!».

Comme dans tous les enterrements, l’ambiance oscillait entre tristesse et sourires. Les habitants avaient apporté à boire et à manger. Un couple d’amis bretons de Georges Jaccard – Yves à la guitare, Françoise à l’accordéon – chantait des chansons de marins nostalgiques. Les enfants jouaient aux explorateurs dans la camionnette du facteur.

Les adieux de la postière

Un bouquet de fleurs dans les bras, la postière, Evelyne Matera, faisait la bise à chacun, une larme au coin de l’œil. Domiciliée à Neuchâtel, la buraliste est réaffectée dans sa ville. Mais Lignières… «Ah Lignières! Cette expérience m’a redonné l’énergie de croire en l’être humain. J’ai découvert des gens d’une grandeur d’âme magnifique Je leur suis tellement reconnaissante.»
Une chose est sûre, cette matinée permit aux habitants d’apprécier plus que jamais la chaleur de la vie villageoise, même sans leur poste.

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