Consommer 1800 pilules thaïes laisse bien des séquelles. La métamphétamine brouille-t-elle également la perception des avertissements? Il n'y avait pas de médecin dans la salle du Tribunal criminel de Neuchâtel pour l'attester, hier après-midi. Mais le palmarès judiciaire de Mario* suffit pour confirmer que l'homme de 31 ans présentait au moins ce symptôme.
De retour dans un tribunal, Mario retournera aussi en prison. Les 4300 pilules thaïes qu'il a revendues lui ont peut-être rapporté un bénéfice de 12 900 francs, mais elles lui coûteront une peine de 36 mois de privation de liberté, dont un an ferme. Sa propre consommation lui vaudra une amende de 500 francs.
«Les faits qui vous sont reprochés sont graves en raison de la quantité de drogue mise sur le marché. C'est une infraction contre la santé publique», a tranché la juge Florence Dominé Becker.
Ces paroles devaient sonner comme un air connu aux oreilles de Mario. Mais apparemment, à l'époque, il n'avait pas compris le message. Condamné en 2007 à 42 mois de prison pour un trafic de pilules thaïes par le Tribunal pénal de l'arrondissement de la Sarine, le jeune homme avait été remis en liberté conditionnelle sans purger 14 mois de sa peine. Il a exprimé sa gratitude en renouant avec la métamphétamine. «J'avais des problèmes de santé, j'ai dû stopper mon job de menuisier.» La drogue se substituant à l'absence de perspective, Mario en consomme de plus en plus, et en revend pour la financer. Avant qu'une formation ne le remotive à arrêter la drogue. Ou du moins à la diminuer dans les faits.
Pas assez aux yeux du procureur, Pierre Cornu. «Il faut révoquer la libération conditionnelle. C'est un constat d'échec aujourd'hui, pas un message d'espoir.» La juge a fait peser la balance vers la deuxième option en renonçant à révoquer la libération conditionnelle. Et a misé que cette troisième chance ne partira pas dans les limbes d'un trip. /ssa
*Prénom fictif