Votre publicité ici avec IMPACT_medias

De nouveaux cépages en test dans le vignoble neuchâtelois

Le vignoble neuchâtelois a fait le choix du pinot noir au détriment du chasselas, mais de nouveaux cépages viendront encore enrichir la palette des arômes.

16 sept. 2011, 16:22

Le pinot noir demeurera probablement, grâce aussi au succès de l'œil-de-perdrix le fleuron et le porte-drapeau de la viticulture neuchâteloise. Ce cépage, rappelons-le, n'existait pas il y a 50 ans dans le canton.

Le chasselas était alors omnipotent et omniprésent. Il régnait en maître quasi absolu, représentant 75 % du vignoble en 1980. Ce cépage a été ensuite arraché au profit du pinot noir qui occupe aujourd'hui 51% des surfaces viticoles.

«Le solde est composé de spécialités dont le gamaret garanoir», signale Sébastien Cartillier, responsable de la Station viticole cantonale à Auvernier. Le pinot gris, lui, est en perte de vitesse.

Le cabernet du Jura
Les choses ne resteront probablement pas figées en l'état mais seront sujettes à évolution. La station viticole d'Auvernier teste actuellement  de nouvelles variétés.

L'enjeu est double, explique Philippe Borioli, de Bevaix, un pionnier dans le domaine de la sélection de nouveaux cépages. «Il s'agit d'offrir au viticulteur des cépages résistants aux maladies et au consommateur des vins aux arômes différents».

Ce pépiniériste viticole a déjà mis au point avec le Jurassien Valentin Blattner le cabernet Jura. «Ce rouge au parfum original est l'outsider des cépages», considère Philippe Borioli. Il est actuellement présent de manière confidentielle dans le canton, sur environ 5000 m2, mais il est sans doute promis à un bel avenir. Les cépages cabertin et pinotin en sont deux autres.

Philippe Borioli fonde beaucoup d'espoir encore sur le cépage répondant au nom de code VBCAL-1-28. «Il peut représenter un outil à disposition des vinificateurs pour construire des cuvées ou pour booster leurs cépages actuel».

La station viticole met également au banc d'essai deux nouveaux cépages. Ces plants proviennent de Changins. Le premier est identifié sous le nom de code IRAC 2091. «Il est très résistant au mildiou et à l'oïdium. Cette faculté permettra d'élever ce cep sans traitement chimique précoce. Il présente un profil aromatique qui produira des choses très intéressantes».

Le deuxième, le MRAC 1099, est tolérant à la pourriture grise.

Plants en tests
MRAC et IRAC ont été plantés au printemps dernier sur de petites surfaces, à la Station viticole d'Auvernier. Des plants d'IRAC sont également en tests sur les propriétés du Domaine de Chambleau à Colombier et Grisoni à Cressier.

Ces jeunes plants produiront leurs premiers raisins dans trois ou quatre ans. S'ils tiennent leurs promesses, ils pourront alors être homologués par le canton et s'ajouter à la liste des cépages autorisés.

Eleveur et fournisseur de nouveaux cépages, Philippe Borioli témoigne d'un certain intérêt de la profession dans le canton pour adopter de nouvelles variétés. «Ils se sentent un peu tous concernés même s'ils n'ont pas encore fait le pas».

Certains viticulteurs avant-gardistes et ouverts à l'expérimentation ont conduit depuis longtemps une politique de diversification. Le Domaine de La Grillette, à Cressier, fut un précurseur en la matière. «Nous avons été les premiers en Suisse, en 1964, à planter du Chardonnay», rapporte Michel Schurch, régisseur du domaine.

Christian Rossel, vigneron encaveur bio à Hauterive, en est encore un parmi quelques autres. «Je produis du gamaret, un cépage n'occupant pas plus de 200 à 300 hectares en Suisse. Ce rouge un peu voisin des vins d'outre-Atlantique plaît aux jeunes».

On pourrait citer encore les caves de Cormondrèche et le vigneron œnologue Boris Keller à Vaumarcus. Ce dernier marie par exemple le sauvignon au viognier et travaille en rouge le cabernet franc.

Reste que l'introduction de nouveaux cépages peut parfois rencontrer l'opposition des vignerons eux-mêmes. Ainsi, l'essort du sauvignon blanc lancé dans les années 1992-93 avait-il été freiné par la contestation de certains viticulteurs neuchâtelois au point d'être jugé jusque devant le Tribunal fédéral.

Les nouveaux cépages sont-ils l'avenir de la viticulture neuchâteloise? «C'est une niche de plus, une corde à notre arc supplémentaire», relève Philippe Borioli.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias