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Colère après la destruction légale de nids d'hirondelles à Bevaix

La destruction d'une vingtaine de nids d'hirondelles à Bevaix scandalise citoyens et organisations de protection de la nature.

27 juin 2011, 14:33

L'acte n'est pas illégal, pour avoir été commis avant la nidification des oiseaux, mais il heurte néanmoins les amis de la nature. C'est Laurent Comtesse, propriétaire d'un entrepôt situé juste avant l'ancien magasin Maeder, qui revendique la destruction d'une vingtaine de nids d'hirondelles. «J'avais repeint la façade du bâtiment à neuf et voilà le travail. On a mis 60'000 francs pour en arriver à ce stade», commente-il en désignant les déjections d'hirondelles qui criblent le mur.

Ce restaurateur de bateaux estime être dans son bon droit pour, affirme-t-il, avoir eu la caution de la commune et de la station ornithologique de Sempach. Cette dernière rectifie par la voix de Michael Schaad : «Il n'y a pas la possibilité de s'opposer à la destruction de nids avant la période de nidification. Cela dit, nous n'avons pas donné de permission à ce monsieur. Notre station lui a sans doute conseillé d'opter pour une autre solution. La pose d'une simple planche de bois sous les nids permet d'éviter la chute des fientes sur les façades ou sur les passants».

«Légal mais irresponsable»
La destruction des nids ne tombe pas sous le coup de la loi. Elle est intervenue alors que les hirondelles se trouvaient encore en hivernage en Afrique. Il n'en demeure pas moins que l'initiative de Laurent Comtesse choque. Président de Créabiotope, Christian Zbinden s'en émeut fortement. «La colonie d'hirondelles de Bevaix est la plus importante du Littoral neuchâtelois. C'est un scandale que de se comporter ainsi avec ces oiseaux. C'est une manière irresponsable de contourner la loi». Directeur de l'ASPO (Association ornithologue), François Turrian ne dit pas autre chose, mais avec les réserves qui s'imposent tant qu'il ne s'est pas rendu sur place.

Sur la liste rouge
«L'hirondelle de fenêtre est nouvellement inscrite sur la liste rouge des espèces menacées. Elles sont en déclin et il faut tout faire pour les protéger. Ce qui s'est passé à Bevaix donne un mauvais signal».
Le Bevaisan Roland Pizzera exprime sa colère face à l'opération de Laurent Comtesse. «Avec mon épouse, nous avons posé huit nids pour les hirondelles et, d'un autre côté, on les détruit. De retour d'Afrique, les hirondelles fidèles à leur territoire n'ont pas retrouvé leur logement». Les nids ont disparu et la pose de filets sous le toit ne leur permet pas de les reconstruire.

Membre de la ligue contre la vivisection et pour la défense des droits des animaux, Sylvie Benoît, de Serrières, raconte le désarroi des hirondelles de Bevaix à leur retour d'Afrique. «Il y en avait des dizaines qui tournaient désespérément autour de leur ancien habitat ». Ces hirondelles expulsées n'ont donc pas retrouvé de logis en raison aussi de la météo. «Le printemps a été tellement sec qu'elles ont eu beaucoup de mal à construire leurs nids. La présence de boue est en effet essentielle pour cela».

Changer la loi
Le cas de Bevaix interpelle Sylvie Benoît sur la tolérance de la loi s'imposant en l'espèce. «Nous interviendrons afin que celle-ci évolue. Il devrait être interdit de détruire des nids lorsqu'un bâtiment change de propriétaire». L'immeuble concerné a été acheté il y a deux ans par Laurent Comtesse. Pragmatique, Fran-çois Turrian pense agir pour que le mal soit réparé. «Nous allons essayer d'obtenir du propriétaire de l'entrepôt qu'il enlève les filets de protection pour la prochaine saison de nidification».

Cette histoire suscite chez Christian Zbinden une réflexion par rapport à notre relation à la nature. «On se gargarise de nature. Tout le monde dit aimer la faune mais personne ne fait d'effort pour cohabiter avec elle». Une analyse que ne contestera pas Laurent Comtesse: «Ceux qui veulent les hirondelles peuvent venir les chercher».

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