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Christian Karambeu: "L’UEFA m’a appelé pour l’aider à lutter contre le racisme"

Christian Karembeu, champion du monde bleu-blanc-rouge en 1998, était présent, jeudi soir, à Neuchâtel. L'actuel ambassadeur de l'UEFA a répondu aux questions d'ArcInfo en marge d'une une table ronde intitulée "Le football, un instrument de lutte contre le racisme?"

23 mars 2018, 17:04
Christian Karembeu n’a jamais été directement confronté à un acte raciste.

Christian Karembeu, vous avez porté les couleurs de clubs en France, Italie, Espagne, Angleterre, Grèce et Suisse. Avez-vous remarqué des différences entre ces pays dans l’attitude des supporters vis-à-vis des joueurs d’origines africaines?

Je n’ai pas été confronté à des problèmes dans les pays où j’ai évolué. Cela n’a pas affecté ma carrière, mais je suis solidaire avec les joueurs qui ont dû y faire face. La chose la plus importante, c’est de comprendre la raison qui pousse des gens à venir au stade pour y commettre des actes racistes.

Pour cela il faut analyser la situation dans les foyers. Aller au stade permet à certaines personnes d’exprimer quelque chose. C’est dans ces foyers qu’il faut faire comprendre que cette attitude est mauvaise. Chacun doit respecter l’individu comme il est.

Vous avez porté le maillot du Servette de Genève entre 2004 et 2005. Comment jugez-vous la situation en Suisse, dans les stades et dans l’entourage des clubs?

Genève est une ville multiculturelle et la Suisse est un des pays qui accueille le plus de personnes. C’est une nation très différente des autres en raison de son organisation politique. Il est possible d’y faire passer une loi dans un canton sans que le reste du territoire ne soit concerné. Mais je n’y ai pas ressenti de différences par rapport aux autre pays dans lesquels j’ai joué.

Vous avez débuté votre carrière en 1990 et l’avez terminée en 2005. En 1998 vous êtes devenu champion du monde avec l’équipe de France. Avez-vous été perçu différemment pas vos supporters avant et après ce sacre?

Cette victoire a rendu la France fière, nous avons égayé les foyers et donné une identité à un pays multiculturel. La France était victorieuse avec ses différentes communautés et a célébré avec sa diversité, unie, comme à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Ce titre nous a changés comme sportifs et comme individus. C’est magnifique d’être ensemble grâce à une victoire. En 1998 nous avons allumé une flamme qui brûle toujours aujourd’hui.

En quoi consiste exactement votre rôle d’ambassadeur du programme de l’UEFA «Capitaines du changement»?

L’UEFA m’a appelé pour l’aider à lutter contre le racisme, via ce programme notamment. Je donne des conférences, nous invitons des immigrés et des personnes handicapées à des événements, nous organisons des matchs de solidarité… 

Cette semaine, je suis déjà allé à Paris et à Abidjan. Ce jeudi, je suis ici à Neuchâtel et vendredi je serai à Cologne.

De quelle manière le football peut-il être un instrument de lutte contre le racisme?

Le football a toujours intégré les indigènes moins aisés de chaque pays pour devenir un sport populaire, et non plus réservé à une élite. La France n’est pas «black, blanc, beur», elle est comme cela de par son histoire, avec ses colonies.

Le football est une école de la vie, une école de vie. Les gamins y viennent pour pratiquer une activité sportive, mais ne savent pas ce qu’est le racisme. Ils veulent simplement imiter Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo. Il faut continuer de donner envie aux enfants de venir voir un match au stade et leur faire comprendre qu’il faut respecter l’adversaire.

Les récentes non-sélections de Karim Benzema en équipe de France ont entraîné des accusations de racisme envers le sélectionneur national Didier Deschamps. Quel est votre avis sur la question?

Il ne s’agit pas de racisme. Si Karim avait été là en finale de l’Euro 2016 contre le Portugal, je pense qu’il aurait marqué. Mais Didier a ses données, il fait ses choix et donne un cadre à l’équipe.

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