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Au tribunal pour une rixe à la Case à chocs de Neuchâtel

Deux trentenaires neuchâtelois ont comparu ce mercredi devant le Tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers à la suite d’une bagarre survenue à la Case à chocs, à Neuchâtel.

24 janv. 2019, 05:31
Quand la situation devient tendue et que la rixe guette, il vaut mieux se retirer que s'entêter.

Dans le traité de stratégie chinois «Les 36 stratagèmes», le 36e et dernier chapitre s’intitule «Courir est le meilleur choix». Cette maxime empreinte de sagesse aurait été utile à Philippe* et Pierre*. La suivre leur aurait vraisemblablement évité un nez cassé et une comparution au tribunal, qui s’est déroulée mercredi à Neuchâtel.

L’histoire se déroule à la Case à chocs, à Neuchâtel, un soir de 2017. Les deux amis s’y sont rendus pour écouter un concert de rap. A un moment, ils s’asseyent sur les marches d’un escalier conduisant aux loges des artistes. Une femme en sort, leur dit qu’ils gênent et leur ordonne de partir. Sûrs de leur bon droit, Philippe et Pierre lui demandent de les laisser tranquilles.

C’est vrai que ça aurait été plus intelligent de fuir que de se défendre.
Pierre, prévenu.

Le ton monte. Un autre homme, Jules*, arrive des loges. Philippe, qui a un bras dans le plâtre, se lève, «pour clore la discussion», dira-t-il. Jules l’attrape par ses vêtements. Les deux hommes finissent en bas de l’escalier. Une certaine confusion règne. Pierre, selon ses dires, reçoit une baffe de Jules et lui rend un coup de poing, apparemment sans grand effet. Quant à Philippe, il prend un coup qui lui fracture le nez.

Ne pas alimenter le combat

Philippe, Pierre et Jules ont tous trois été condamnés par ordonnance pénale à des jours-amendes avec sursis pour rixe, soit «une altercation physique réciproque entre au moins trois personnes». Le dernier, domicilié en France, n’a pas fait opposition. Il n’était pas présent à l’audience de mercredi, contrairement aux deux Neuchâtelois. Ceux-ci se sont présentés devant la présidente du Tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers, Shokraneh Habibi Amini, sans avocat.

Selon la loi, rappelée dans l’ordonnance pénale du Ministère public, une personne qui participe à une rixe ne sera pas punie si elle s’est bornée «à repousser une attaque, à défendre autrui ou à séparer les combattants», en évitant de réagir «au-delà de ce qui est strictement nécessaire». La réaction de défense ne doit donc pas «alimenter le combat».

«On a fui toute notre vie»

«On n’est pas des personnes qui cherchent à se battre. Je ressens un profond sentiment d’injustice», a expliqué Philippe. «On se sentait victime», a renchéri son ami Pierre, qui comme Philippe n’a aucun antécédent de violence. «J’ai reçu une baffe, j’ai eu peur. Et j’ai refusé que les choses se passent comme ça. J’ai rendu un coup de poing.»

Plusieurs fois, la présidente du tribunal a demandé aux deux prévenus: pourquoi ne pas être simplement partis quand ils ont senti que les choses risquaient de mal tourner? «Car si vous partez, personne ne reçoit de coup. Il faut penser aux conséquences.»

«C’est vrai que ça aurait été plus intelligent de fuir que de se défendre», a lâché Pierre. «Mais cela est difficile pour l’orgueil, surtout quand on se sent légitime.» «Fuir, c’est ce qu’on a fait toute notre vie», a renchéri Philippe. «Ça aurait sûrement été mieux mais on ne voulait pas baisser les bras.» Ce à quoi la juge a retorqué: «Faire preuve d’intelligence n’est jamais baisser les bras.»

Le jugement sera rendu en février.

*Prénoms fictifs.

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