A regarder tomber la pluie à travers le carreau, l'envie de ne rien faire vient subitement à l'esprit. Absolument rien faire. A moins qu'épouser la forme du canapé douillet pour éviter à son corps d'actionner la moindre force physique soit déjà une grande prouesse. Eh oui, justement, c'est là tout le génie de ces moments-là.
Lorsqu'une soirée de liberté intervient dans le programme, une plage de liberté totale, une petite voix fait irruption à tous les coups pour vous glisser au coin de l'oreille: «Mais non, enfin! Tu n'as aucune obligation ce soir, tu ne vas tout de même pas rester là, inutile, sur ce fauteuil à ne rien faire! Ça serait gâcher une précieuse soirée...» Eh bien non. Je proteste. Ce soir, je n'ai aucun intérêt à aller faire des brasses à la piscine ou à ramasser les feuilles mortes pour jouir d'un joli jardinet-propret-accueillant. Et loin de moi l'envie d'aller tester la nouvelle piste de bowling dans la ville voisine. C'est quoi cette mauvaise conscience qui nous pousse à toujours devoir être en activité, à être une machine à faire? Ne rien faire est un délice. Se plonger dans un état de quasi sophrologie afin de chasser la raison qui nous habite est un acte d'une intensité absolue.
Pour s'abandonner et atteindre l'apaisement, rien de tel qu'un bain chaud dans la lumière feutrée et oscillante de quelques bougies. Fermer les yeux et laisser le téléphone sonner, sonner, sonner...