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Une grande dame nous a quittés

21 mars 2011, 12:04

D'abord une image: une grande dame face à son piano sur la scène du Conservatoire. Elise Faller communique avec l'auditoire. Elle joue Brahms ou Beethoven, Bach bien sûr, mais surtout elle joue Debussy, Ravel, comme peu d'autres pianistes savent le faire...

Pour comprendre pourquoi et comment Elise Faller est devenue l'interprète, la grande pédagogue qu'elle a été, il faut savoir qu'elle est née au sérail de la musique. Elle avait treize ans lorsque son père, Charles Faller créa le Conservatoire de La Chaux-de-Fonds. «Méfiez-vous de la culture si elle vous conduit à mépriser vos valeurs. Allez écouter de plus brillantes et meilleures exécutions dans les capitales. C'est ce que vous aurez laborieusement tiré de votre sol, votre chant, qui vous donnera la joie» professait Charles Faller. La jeune fille en était profondément convaincue.

Elise Faller a étudié le piano jusqu'au diplôme de virtuosité sous la direction de Ernst Lévy, professeur à Bâle, Paris et maître à penser. Au Conservatoire, elle a enseigné le piano, la pédagogie et le solfège. Un cours devenait avec elle une recherche en commun, un effort à refaire dans la réflexion. De nombreux élèves sont passés par son enseignement, inoubliable, disent-ils D'autres, professeurs ou interprètes émérites aujourd'hui ont fait leurs premiers pas chez elle. Elise Faller aimait la musique de chambre, elle l'a pratiquée en quintette, à Lausanne, elle a accompagné la cantatrice Suzanne Danco. Avec sa sœur Andrée, violoncelliste, elle a créé l'ensemble «Musica da camera» qui a révélé les quatuors de Fauré. Elle a interprété le concerto de Schumann avec l'Orchestre de la Suisse romande et l'on pourrait rappeler d'autres grands souvenirs encore....

Elise Ditisheim-Faller n'a jamais songé à briller. Elle est décédée lundi dernier dans sa 96e année. Elle avait le sens de la répartie et n'aimait pas trop les mondanités. Déjà, un doigt sur la bouche, elle nous intime un «chut» de bienséance, comme si au-delà de la peine, la musique devait céder la place au silence, au recueillement.

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